Bien choisir son alarme de mouillage forain pour dormir sur ses 2 oreilles

appel alarme mouillage 400Passant très rarement mes nuits au port, quelques fois en navigation et majoritairement à l’ancre, la sécurisation de mes mouillages forains est primordiale pour garantir la sérénité de mon repos.

Car même pour une petite semaine de vacances seulement, dormir sur ses 2 oreilles n’a pas de prix pour pouvoir profiter pleinement d’une escapade nautique !

Je me suis donc légitimement et rapidement posé la question suivante : avec les moyens actuels, quelle est la meilleure alarme de mouillage forain pour, à la fois :

  • vérifier que l’ancre croche toujours,
  • rassurer tout le monde à bord,
  • éviter des conséquences malheureuses si, par mésaventure, l’ancre commence à chasser ?

Les applications smartphone d’alarme de mouillage font régulièrement la une des conversations entre plaisanciers mais avant de se lancer tête baissée dans la jungle des applis mobile, la première alarme de mouillage à ne pas négliger, c’est évidemment de réussir son ancrage, en choisissant rigoureusement son lieu de mouillage et en étant à l’écoute de son bateau.

Car la plupart du temps, lorsque le mouillage dérape, on le sent, ou l’entend, le mouvement du bateau change, le rappel n’est plus là, le vent qui monte doit également être un signal de vigilance …

Attention, je ne dis pas que le fait de se poser la question des alarmes de mouillage signifie que l’on ne sait pas correctement mouiller mais mieux vaut travailler ses bases avant d’accorder une confiance aveugles aux outils numériques désormais disponibles en grand nombre.

Au besoin, je vous invite, avant d’aller plus loin dans la lecture de cet article, à revenir sur le b-a-ba d’un mouillage forain réussi grâce à mon article «S’offrir la magie d’un mouillage forain ».

orageLe suivi et l’actualisation de la météo pour la nuit est également un réflexe à systématiser, même lorsque l’on ne navigue pas afin d’anticiper la tendance et d’éventuelles difficultés (bascule du vent, possibilité de grains et d’orages, arrivé de houle …).

Quelques autres articles pourront vous éclairer sur cette question stratégique de la météo marine et vous aidez à fiabiliser vos prévisions en vue de la nuit à venir :

Enfin, en cas de météo « incertaine » et de conditions de mouillage « délicate », il est également essentiel d’être prévoyant en se préparant à être en capacité de partir de nuit sans délai si les conditions l’imposent. Pour cela, veillez toujours, avant d’aller vous coucher, à :

  • ranger votre bateau et son cockpit en particulier
  • étudier la route de sortie et de dégagement de votre mouillage
  • préparer projecteur et lampes frontales
  • préparer la télécommande du guindeau

Je retiens en effet de mes premières navigations en habitable à l’adolescence en Méditerranée, partagées avec mon oncle, qu’il importe d’avoir toujours un bateau rangé et en état de prendre la mer précaution qu’il convient toujours d’appliquer au maximum aujourd’hui malgré les nombreux équipements électroniques dont nous disposons.

Les alarmes de mouillage traditionnelles

La plupart des centrales de navigation proposent dans leur configuration de base plusieurs alarmes complémentaires et très utiles pour suivre une éventuelle évolution de la météo de nature à fragiliser la bonne tenue de votre mouillage forain.

L’alarme de vent

La première d’entre elles est l’alarme de vent réel, qui permet de suivre de façon rationnelle & précise la montée du vent durant la nuit et de vérifier que ce dernier reste modéré au regard de vos conditions de mouillage car le seul bruit généré par le vent contre votre coque et dans votre gréement est souvent trompeur, sans compter que certains sont capables de dormir du sommeil du juste même par vent fort.

Personnellement, je règle souvent mon alarme aux alentours des 25 nœuds, car à cette force de vent, les efforts sur l’ancre commencent à être importants mais cette valeur est bien sûre à adapter au contexte et conditions rencontrées.

Cette alarme présente l’intérêt de nous prévenir dès les premiers signes de renforcements des conditions météo et de nous inciter à la vigilance.

Elle peut éventuellement être complétée avec la surveillance de l’angle du vent réel, puisque si l’ancre décroche complètement, le bateau se mettra travers rapidement au vent. Par contre si l’ancre chasse doucement, le bateau restera plus ou moins dans l’axe et cette alarme ne se déclenchera pas, il ne faut donc pas compter uniquement sur elle pour nous prévenir en cas de dérapage !

L’alarme de profondeur

L’alarme de profondeur (haute ou basse) peut être également utilisée mais, comme pour l’alarme d’angle du vent réel, elle n’est pas toujours la plus pertinente pour détecter le dérapage de l’ancre car elle dépend directement du profil de profondeur du mouillage.

Par exemple, le mouillage de Ste Anne en Martinique correspond à un plateau uniforme d’une profondeur moyenne de 5m qui s’étend à plus d’un mile au large. Cette alarme ne m’apporte donc aucune sécurité pour suivre la tenue de mon ancre dans ce mouillage par ailleurs très fréquenté, avec plusieurs centaines de voiliers ancrés . Par contre, dans les mouillages où le fond descend rapidement, elle peut nous alerter promptement si d’aventure l’ancre vient à chasser.

Les alarmes de mouillage par positionnement satellite position gnss

Les alarmes que nous venons de voir permettent la surveillance de facteurs annexes à la stricte position de votre bateau, bien qu’elles constituent, dans certaines conditions, d’excellents dispositifs d’alerte.

Il existe donc une autre solution, plus efficace en théorie dans la mesure où elle permet de suivre précisément l’évolution de la position du bateau dans le temps, il s’agit des alarmes basées sur le positionnement satellite.

Les différents systèmes de positionnement satellites actuels

Dans le langage courant, le sigle GPS est devenu synonyme de positionnement par satellite mais il serait plus juste de parler de GNSS (Global Navigation Satellite System) pour désigner l’ensemble des systèmes de navigation par satellite car il en existe 4 d’opérationnels actuellement, utilisables librement :

gnss synthese

Depuis mai 2000, la dégradation volontaire du service GPS américain dans le cadre de son utilisation civile a été levée, portant la faible précision initiale (limitée à une centaine de mètres) à une précision de quelques mètres, ce qui rend désormais son utilisation pertinente pour de nombreux usages dont la réalisation d’une alarme de mouillage pour les voiliers.

Le système Européen Galileo, tout fraîchement opérationnel doit encore améliorer la précision par rapport au GPS.

Quels récepteurs satellites peut on utiliser ?

Mais avant d’aller plus loin sur la précision d’un système de positionnement par satellite, voyons ce que donnent les récepteur GPS basiques que nous connaissons depuis quelques années.

J’ai comparé la position donnée par 3 appareils du bord différents :comparaison GPS 2

  • l’écran multifonction Raymarine E7, avec GPS intégré
  • un smartphone Sansung A20
  • un ancien garmin etrex summit pour la randonnée

Après une dizaine de minutes d’attente pour permettre l’initialisation de la réception, voici les résultats obtenus :

comparaison GPS

Toutes les sources apparaissent concordantes au centième de minute près, en latitude et longitude. Un centième correspond à un décalage de 18/20 mètres.

Les 2 millièmes de minute d’écart que nous observons en latitude correspondent donc à une marge d’erreur de 3,7 m.

Difficile de savoir lequel de ces équipements fournit la bonne valeur mais l’écart semble modeste et compatible avec l’usage que nous souhaitons en avoir car on mouille rarement à 10 m d’un rocher.

Les nouvelles puces GPS ont aujourd’hui la capacité d’utiliser les différents réseaux existants, et même de combiner ces derniers pour maximiser le nombre de satellites disponibles et améliorer ainsi la précision du positionnement donné.

De même, ces nouvelles puces exploitent une deuxième fréquence au niveau du signal, ce qui renforce encore leur précision.

Ces nouvelles puces sont désormais présentes massivement dans nos smartphones, souvent récents et à la pointe de la technologie.

En 2014, le nombre total de récepteurs GPS était déjà estimé à 3,6 milliards, dont 85 % installés dans les smartphones.

Aujourd’hui, nous disposons donc la plupart du temps à bord de plusieurs récepteur GPS mobiles (smartphone, tablette …, nombre par ailleurs multiplié par le nombre d’équipiers !). Lors du test de précision présenté préalablement, j’avais ainsi également à ma disposition un récepteur GPS USB, les données AIS via une antenne extérieure dédiée, ainsi que d’autres smartphones & tablettes.

Tous ces récepteurs GPS, en particulier ceux qui équipent nos smartphones, sont donc utilisables en retenant une précision de l’ordre de 5 à 15m, qu’il convient de ne pas oublier d’intégrer dans le réglage de l’alarme, pour ne pas subir de déclenchement intempestif de cette dernière …

Quelles précautions d’utilisation faut il prendre ?

La fiabilité d’une alarme de positionnement par satellite dépend avant tout de la qualité du positionnement de votre voilier. Pour améliorer la réception via un smartphone, il est conseillé de désactiver le mode économie d’énergie qui peut troubler le fonctionnement de votre système de navigation.

constellation gpsVous pouvez également, activer le mode « Haute précision », qui permet de coupler le WiFi, le GPS et les données mobiles pour optimiser la précision du signal reçu. Dans un lieu de faible réception, son activation peut améliorer significativement la qualité de ce dernier. Pensez enfin à brancher votre téléphone, pour éviter qu’il s’éteigne faute de batterie au cours de la nuit.

Il convient par ailleurs de vérifier l’état de fonctionnement de votre GPS et sa qualité de réception, en fonction de sa position d’utilisation dans le bateau (à la table à carte, dans la couchette du skipper …). Si ce dernier est intrégré à votre smartphone ou à une tablette, vous pouvez télécharger une application telle que GPS Status (Android & Ios) qui vous permettra d’afficher toutes les caractéristiques de votre capteur GPS (position & force du signal satellite, nombre de satellites utilisés, précision …), d’identifier les possibles interférences électronique / électrique et d’en vérifier le bon fonctionnement en tout lieu de votre bateau, notamment si vous avez une coque métallique.

Plus le nombre de satellites utilisés pour le positionnement sera élevé (une dizaine environ, au delà le gain n’est plus significatif), meilleure sera la précision obtenue.

Lors de mes premières utilisations d’alarme de mouillage par positionnement satellite, j’ai a plusieurs reprises été confronté à une perte du signal GNSS, qui déclenchait alors l’alarme. Même s’il est rassurant de constater que le déclencheur de l’alarme n’est pas le dérapage du bateau, il est dommage d’être ainsi réveillé pour rien donc autant faire en sorte d’avoir une bonne réception GNSS pour éviter ce type de désagréments.

J’ai d’ailleurs ensuite découvert que le temps de perte du signal GNSS toléré sans déclenchement de l’alarme est également un paramètre réglable dans la plupart des applications. A vous de choisir vos risques.

Quelles sont les applications d’alarme de mouillage à privilégier ?

Une application d’alarme de mouillage est un outil relativement simple d’utilisation dont la qualité dépend avant tout de la qualité de réception des signaux GNSS et donc de la qualité de la puce intégrée à votre smartphone.

Le principe de ces applications repose sur le positionnement de l’ancre, que vous pouvez enregistrer :

  • au moment de votre manœuvre de mouillage (pas très facile de tout faire en même temps)
  • plus généralement, a posteriori à partir de la position du bateau, en estimant l’emplacement de l’ancre par rapport à ce dernier (distance & azimut)
  • à partir de votre trace qui indique l’endroit ou vous avez commencé à reculer lors de votre mouillage (à la condition que vous n’ayez pas trop dérivé avant que votre ancre ne touche le fond)

A partir de cette position de l’ancre, l’alarme définit un cercle d’évitage dans lequel le bateau doit rester et auquel vous devez tenir compte de l’erreur de positionnement GNSS.

Ce cercle peut être segmenté pour éviter certains secteurs (comme un rocher affleurant ou une berge par exemple) ou permettre le suivi d’une reverse de vent.

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Ces applications proposent la plupart du temps la possibilité de prévenir à distance un autre téléphone par appel vocal ou par courriel lorsque l’alarme est active, ce qui permet de vous prévenir d’un éventuel souci lorsque vous n’êtes pas à votre bord. Cette option implique néanmoins de disposer de 2 téléphones avec 2 abonnements actifs sur la zone où vous vous trouvez.

Attention également au délai de transmission par courriel, la plupart du temps instantané, mais qui peut parfois nécessité plus de temps.

Les messages par SMS, bien que forts pratiques, ne sont plus possibles suite à la décision d’interdiction prises par Google et Apple dans le cadre de cette fonctionnalité.

Il existe de nombreuses applications d’alarme de mouillage par positionnement satellite, toutes assez semblables sur le principe.

Je vous propose, ci-dessous, une sélection & synthèses des principales applications et de leurs caractéristiques essentielles :

comparaison appli

Lien d’accès aux applis (les noms se ressemblent souvent et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver) ;

Je vous invite à essayer dans un premier temps les versions gratuites disponibles, avant de passer à une version premium si les fonctionnalités complémentaires proposées vous semblent nécessaires.

Il existe une alternative à l’utilisation d’une application spécifique qui consiste à utiliser les alarmes de vos outils de navigation, de plus en plus utilisables sur tablette, tel que qtVlm, Avalon Offshore, isailor … Leur fonctionnement est identique aux applis et elles vous permettent d’utiliser des outils que vous connaissez et donc que vous maîtrisez déjà.

Une nouvelle fois, les applications mobiles constituent des outils performants gage d’un certain confort d’esprit, et sont facilement utilisables grâce aux récepteurs GPS récents qui équipent nos smartphones.

Les versions gratuites de ces applis suffisent pour assurer notre sécurité et la sérénité de nos nuits, moyennant bien sûr le respect de quelques précautions préalables.

Par contre si vous recherchez un surplus de sécurité lors de vos escapades à terre, la possible transmission de l’alarme de mouillage sur un deuxième smartphone nécessitera dans la plupart des cas de passer à une version premium.

Mais malgré tout l’intérêt que présentent ces outils numériques, il convient de ne pas délaisser pour autant les alarmes traditionnelles de votre centrale de navigation qui constitueront toujours une base fiable et compléteront utilement l’alarme de mouillage par positionnement satellite installé sur votre smartphone.

Désormais, vous pourrez profitez en toute quiétude de la magie de vos mouillages forains.

Je vous souhaite bon vent, et bonne mer !

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