Notre voilier est un plan Réard de 43 pieds, auto-construit et équipé pour la croisière familiale rapide au long cours.
Sa ligne (coque à bouchains, maître baux de 4,5m) et certains de ses attributs (bi-safran, barre franche, mât carbone) le rapprochent du style d’un class 40, tandis que d’autres (portique, panneaux solaires) évoquent sans doute possible le bateau de voyage, c’est donc un voilier insolite et élégant qui ne manque pas d’attirer le regard et d’interpeller les autres navigateurs, amateurs tout autant que plus avertis.
Cela aurait pu nous suffire mais nous avons décidé d’aller plus loin, d’affirmer notre différence sans crainte de nous faire remarquer, et nous avons opté pour une coque de couleur peps et acidulée, une coque d’une couleur bien loin des traditions maritimes, une coque de couleur mandarine !
Sur l’eau comme au mouillage, nous sommes visibles et parfaitement reconnaissables, et avec plus de 2 ans de recul, nous ne regrettons absolument pas notre choix et ne trouvons que des avantages à notre coque de couleur.
Mais avant de vous détailler ces derniers, regardons ensemble les arguments qui font aujourd’hui militer la grande majorité des navigateurs, dont vous faites peut être partie, en faveur d’une coque blanche.
Pourquoi la plupart des voiliers ont ils une coque de couleur blanche ?
Pour masquer les imperfections
Le blanc cache relativement bien les irrégularités d’une coque qui sauteraient immanquablement aux yeux avec une autre couleur. Cette tradition, si l’on peut qualifier ainsi cette habitude, prend donc très probablement sa source chez les constructeurs, intéressés au premier chef par cet avantage des coques de couleur blanche.
Dans le même esprit, une coque blanche n’attire par l’attention comme le ferait une coque de couleur et permet donc de ne pas accentuer les éventuels défauts d’une silhouette, ce qui pourrait nuire à la commercialisation d’un modèle concerné par une ligne moins fluide.
Pour limiter l’entretien
Le sujet fait globalement l’unanimité sur les forums, le blanc serait la couleur la moins salissante sur l’eau. Cette affirmation peut s’entendre pour les auréoles de sel résultant d’une navigation en mer mais semble plus étonnante pour les autres sources de salissure. Elle s’inscrit en effet à l’exacte opposée de ce qui s’observe à terre où le blanc trône depuis belle lurette tout en haut du palmarès des couleurs les plus fragiles.
Les coques de couleur sont également décriées comme vieillissant mal aux UV et perdant leur éclat rapidement au bout de quelques saisons. Attention à ne pas se leurrer, ce phénomène se produit également sur les coques de couleur blanche mais, qui distingue vraiment un voilier blanc d’un voilier blanc, mat et terne ? la différence ne se voit effectivement pratiquement pas.
Pour des raisons de coût
Du côté des constructeurs, le choix d’une coque blanche permet de proposer des voiliers conformes à ce qui est devenu la norme et de les vendre sans peine puisque de toute façon, il n’est pas vraiment proposé d’autre choix possible.
Du côté des acheteurs, une coque de couleur correspond dans certains chantiers à une option envisageable mais cette dernière coûte la plus part du temps bien plus chère que l’option blanche de base. Priorité est alors souvent donnée à des dépenses plus stratégiques comme un jeu de voile de qualité ou des équipements électroniques performants, ce qui est tout à fait compréhensible quand on regarde le coût que représente l’armement d’un voilier de nos jours.
Pour des raisons de discrétion
Une coque de couleur blanche, c’est discret et surtout anonyme.
En régate, une coque blanche parmi d’autres coques blanches, sans réel élément différenciant, peut effectivement vous aider à vous glisser en tête et à bénéficier d’un effet de surprise ou à ne pas être pris la main dans le sac si d’aventure vous veniez à franchir la ligne de départ avec quelques secondes d’avance.
Et en cas de contrôle inopiné des autorités maritimes, vous pensez peut-être pouvoir ainsi mieux vous fondre dans la masse d’un mouillage. En effet, comment distinguer un mouton d’un autre mouton ?
Cette tactique était peut être efficace par le passé mais sérieusement, pensez-vous encore réellement qu’à l’heure de l’électronique, du numérique, des bases de données partagées, bref de « big brother », vous resterez vraiment invisible ad vitam eternam ?
Mais couleur claire ne rime pas obligatoirement avec couleur blanche
Dans la plupart des discussions ayant trait à la couleur des coques des voiliers, le blanc est uniquement comparé aux couleurs sombres comme le noir, le bleu foncé ou encore le vert.
Sont alors mis en avant, au désavantage de la couleur bien évidemment, nombre de désagréments comme, notamment :
- les impacts sur l’étrave, visibles comme le nez au milieu de la figure,
- les retouches homogènes au reste de la coque, difficiles à obtenir en cas de réparation,
- l’absorption de la chaleur par les teintes sombres, et l’augmentation considérablement de la température à l’intérieur d’un voilier.
Or, une coque de couleur peut également être choisie parmi des tonalités claires comme le jaune, le orange, le vert d’eau, le bleu ciel, la gamme possible est vaste et permet de conjuguer le plaisir de la couleur avec ce qui est communément avancé comme avantages du blanc évoqués ci-avant.
Certes, en choisissant une coque blanche, vous ne prendrez pas le risque d’une faute de goût mais votre voilier restera fade et sans saveur, semblable à la multitude.
Est ce vraiment ce que vous souhaitez ?
Pourquoi nous apprécions autant notre coque de couleur mandarine ?
Un sacré caractère …
Notre voilier a été auto-construit sur la base de plans d’architecte, avec quelques adaptations particulières choisies au regard de notre expérience de la vie en mer et du programme de notre nouveau voyage au long cours.
Il est donc unique et spécifique et nous avons en premier lieu souhaité mettre en valeur sa silhouette insolite, renforcer encore le caractère qu’il dégage, lui offrir une identité propre.
Et nous avons fait mouche, sa couleur attire l’oeil de tous puis les plus avertis le scrutent plus attentivement dans l’espoir d’identifier un modèle connu. Pour certains, qu’ils soient kayakiste, conducteur de speed boat, nageur ou plaisancier, une petite visite s’impose en désespoir de cause, histoire de lever le mystère de ce voilier atypique et original.
… Qui nous offre de belles rencontres
A chacune de nos navigations, plus ou moins longues, plus ou moins lointaines, notre coque de couleur se fait toujours remarquer et dans la plupart des cas, personne ne nous oublie !
Cela peut bien sûr constituer un inconvénient si, d’aventure, nous venions à cafouiller sérieusement à l’occasion d’une manœuvre mais dans la plupart des cas, nous avons plutôt régulièrement le plaisir de recevoir la visite d’autres navigateurs nous ayant déjà repéré dans un autre mouillage ou croisé en mer et qui, curieux d’en savoir un peu plus sur cet étrange voilier, son équipage et nos navigations à venir, viennent partager un sympathique moment d’échange avec nous.
Garder l’esprit serein en toute circonstance
L’un des principaux avantages d’une coque de couleur que nous avons identifié a posteriori, c’est de pouvoir repérer d’un seul coup d’oeil notre voilier au mouillage, y compris l’été en méditerranée dans des baies très fréquentées.
Lorsque nous sommes à terre, et que nous ressentons un renforcement ou un changement de direction du vent, il nous est ainsi facile et rapide de vérifier que tout se passe bien pour notre voilier, nous ne perdons pas de précieuses minutes à scruter le mouillage, la boule au ventre et cette petite ritournelle stressante qui tourne en boucle dans notre tête « et si …, et si …, et si … ».
Et comme nous avons poussé le chic jusqu’à peindre de la même couleur notre annexe rigide, nous sommes par ailleurs parfaitement identifiés comme les propriétaires du voilier « orange » et pouvons être immédiatement avertis en cas de besoin.
C’est ainsi qu’alors que nous traversions en annexe le petit port de Puerto Soler à Majorque pour rentrer à bord après une belle journée d’excursion, nous avons été rapidement repérés en cours de route et informés de la survenue d’un coquin “frotti – frotta” entre notre voilier et le bateau voisin lors d’une brutale renverse de vent, heureusement sans conséquence majeure !
Un amer remarquable
Au port comme au mouillage, notre coque de couleur mandarine se singularise et se distingue. C’est donc l’information essentielle que nous communiquons aux amis qui viennent nous rejoindre, le repère le plus efficace qui soit.
Et à ce jour, aucun de nos visiteurs n’a jamais manqué l’un de nos rendez vous !
En outre, bien que nous n’y ayons pas pensé de prime abord, nous avons appris depuis qu’en cas d’intervention nécessaire des secours dans du gros temps, une coque de couleur, vive de surcroît, était un atout considérable par rapport à un voilier à coque blanche, extrêmement difficile à repérer d’un hélicoptère.
Bref, vous l’aurez compris, nous sommes pleinement satisfaits d’avoir choisi une coque de couleur et assumons totalement notre choix mandarine.
Et quittes à être original, nous avons décider de décliner notre code couleur extérieur également à l’intérieur, bannissant toute boiserie pour laisser la place à des surfaces laquées de couleur claire, lumineuses et faciles d’entretien, qui offrent assurément du peps et une réelle personnalité à notre voilier.
Alors n’hésitez pas à faire preuve vous aussi d’originalité et de fantaisie, et osez la couleur sur la coque de votre voilier !
Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.
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