Cet article s’inscrit dans notre défi “25 savoirs- faire & astuces en 25 semaines”.
Pour retrouver l’ensemble des sujets d’ores et déjà traités, rendez-vous sur la page de présentation de ce défi.
La gestion de l’eau douce à bord est une question centrale et cruciale pour tout candidat au départ au long cours.
- Comment disposer des ressources suffisantes lors d’une grande traversée comme une transat ou la transpac ?
- Comment se réapprovisionner sans devoir aller systématiquement au port ?
- Peut-on récupérer l’eau de pluie ?
- Si la meilleure solution était finalement de s’équiper d’un dessalinisateur ?
Nous nous sommes tous un jour posé ces questions pour lesquelles les réponses diffèrent selon la taille de notre bateau, notre budget ou encore notre philosophie du voyage.
L’eau douce à bord peut être répartie en 2 grands usages, l’eau de service (pour la toilette, la lessive, la vaisselle, la cuisson des aliments, ..) et l’eau de boisson, sachant qu’il faut compter une moyenne de 2 litres d’eau de boisson par jour et par personne.
Dès que vous commencerez à calculer votre besoin pour une navigation de 3 semaines ou plus sans réapprovisionnement possible, il est fort probable que les chiffres vous donnent le tournis et des suées froides !
Essayons donc de brosser dans un premier temps un rapide panorama des solutions disponibles pour améliorer vos capacités de stockage.
Augmenter vos capacités de stockage de l’eau douce …
Disposer de réservoirs de grande capacité
Si vous n’avez pas encore choisi votre voilier pour votre périple à venir, la capacité de vos réservoirs d’eau douce sera l’un des critères de réflexion à ne pas négliger.
Si vous êtes propriétaire, et donc limité à la contenance des tanks d’ores et déjà installés, étudiez au besoin la possibilité d’installer un réservoir souple supplémentaire dans l’un de vos coffres de rangement.
Avec des réservoirs de grande capacité, il est souvent tentant de faire le plein dès qu’une occasion se présente pour être tranquille ensuite. Mais dans certains pays, l’eau peut être douteuse alors, aussi ne cherchez pas à remplir vos réservoirs « à tout prix » au risque de contaminer tout votre stock.
Avec des réservoirs d’une grande capacité, la prudence s’impose donc aussi, prévoyez toujours d’avoir sous le coude un dispositif de traitement de l’eau, soit à diluer directement dans vos réservoirs, soit via l’installation d’un filtre à charbon actif en sortie en sortie de réservoir.
S’équiper d’une batterie de jerricans
Ces derniers vous permettront de disposer d’un stockage complémentaire et vous serviront également lorsque vous devrez bidonner pour refaire le plein. Ces jerricans vous seront également utiles si, suite à une avarie grave, vous vous retrouvez contraints de quitter votre voilier et d’attendre les secours (dans une telle situation, n’embarquez que des jerricans pleins aux 2/3, qui garderont ainsi une capacité de flottaison).
Vous pouvez prévoir de varier les contenances afin d’optimiser le rangement de vos jerricans et de ne pas vous faire mal au dos lors de vos expéditions de bidonnage. Là encore, il est dorénavant possible de trouver des jerricans souples qui présentent l’avantage de prendre un minimum de place si vous ne les utilisez pas en permanence.
Récupérer l’eau de pluie
Dans les régions tropicales notamment, la pluie est souvent bienvenue. Elle permet de rafraîchir l’atmosphère et de dessaler les cordages et l’accastillage de votre voilier sans effort. Pourquoi ne pas profiter également de cette manne providentielle en mobilisant l’ensemble de vos seaux et bassines, voire en installant une bâche équipée d’un réceptacle et d’une goulotte, pour remplir directement vos réservoirs le temps d’une averse ? Il n’est en effet pas rare d’atteindre un niveau de précipitations de 100mm / m2, ce qui, avec une simple bâche de 5 m2, vous permet de récupérer en quelques heures 500 litres d’eau douce !
Un tel dispositif peut facilement être bricolé maison, il suffit juste de prévoir l’installation d’un filtre pour éviter que les pluies chargées en sable par exemple ne viennent polluer votre stock d’eau douce. Mais ne comptez pas sur cette seule ressource en eau pour vous réapprovisionner en cours de route, compte tenu de sa saisonnalité et de sa variabilité de plus en plus fréquente tout autour du globe.
Installer un dessalinisateur
Un tel équipement offre une certaine autonomie et donc du confort à bord mais avant de vous lancer dans un tel investissement, vérifiez bien au préalable qu’il sera compatible avec votre capacité électrique à bord, car ces appareils sont généralement assez gourmands en énergie, et que vous disposerez de suffisamment de place pour pouvoir l’installer.
Par ailleurs, n’oubliez pas que les dessalinisateurs sont des appareils assez complexes, et qu’ils présentent donc des risques de panne importants (le plus souvent par colmatage de la membrane), ce qui nécessitera de disposer d’un stock de pièces de rechange conséquent. Il convient également, pour assurer leur bon fonctionnement, de les utiliser régulièrement.
Dans tous les cas de figures et quel que soit votre choix, prévoyez toujours une bonne longueur de tuyau, car il arrive que les points d’approvisionnement soient éloignés de l’endroit où vous pourrez accoster. Vous apprécierez alors d’avoir été prévoyant et de ne pas avoir à bidonner systématiquement plusieurs heures durant pour faire votre plein d’eau douce.
… Mais toujours après avoir réduit au préalable vos consommations d’eau douce
Avant de chercher des solutions pour augmenter vos réserves d’eau douce à bord, qui pourront avoir des répercussions non négligeables sur votre budget, pourquoi ne pas commencer tout simplement par maîtriser vos consommations et économiser l’eau douce à bord ?
Il ne s’agit bien entendu pas de réduire votre confort quotidien, de manger des pâtes crues ou de ne vous laver qu’une fois tous les 15 jours.
Nous avons d’ores et déjà testé, approuvé et adopté un certain nombre de pratiques toutes simples lors de nos croisières familiales, qui nous permettent de faire des économies d’eau douce intéressantes sans pour autant ressentir le poids d’une quelconque contrainte :
nous nous lavons, nous nous savonnons et nous nous shampooinons à l’eau de mer (avec des produits d’hygiène écologique) puis nous effectuons le dernier rinçage à l’eau douce avec seulement une bouteille d’1,5l par personne et par jour, éventuellement chauffée au préalable au soleil, ce qui permet de garantir une réelle équité entre les membre de notre équipage et donc d’éviter des revendications inutiles ! Avoir recours à une douche à pression ou à un simple pulvérisateur permet d’être encore plus économe pour un effet mouillant maximal.
- nous nous rinçons les dents, le plus souvent à l’extérieur, avec un fond d’eau dans un verre (l’équivalent de 2 gorgées environ), ce qui évite que les enfants ne restent planter trop longtemps devant un robinet potentiellement ouvert,
- nous lavons notre vaisselle en plastique, en mélamine et en verre à l’eau de mer avant d’effectuer un rapide rinçage à l’eau douce, nous préférons par contre ne prendre aucun risque avec notre vaisselle en inox
- nous cuisons nos féculents dans un mélange d’eau de mer et d’eau douce (environ 1/3 d’eau de mer pour les pâtes et le riz, 1/2 d’eau de mer pour les pommes de terre)
- nous réalisons nos conserves de poisson à la cocotte minute à l’eau de mer.
Mais nous avons surtout également équipé notre voilier Saba de petits appareils astucieux et très peu coûteux, qui nous permettent d’économiser l’eau au quotidien.
Un équipement incontournable pour économiser l’eau douce à bord : le régulateur de débit
Le régulateur de débit est de notre point de vue de l’équipement le plus remarquable en terme de rapport Coût / Efficacité.
Un régulateur, qui diffère des limiteurs, économiseurs et autres mousseurs, limite le débit de vos robinets et est donc un basique incontournable pour réduire facilement vos consommations d’eau sans rien perdre de votre confort !
En effet, un robinet standard débite en moyenne 5 à 10l litres d’eau par minute. Avec un régulateur, vous pourrez choisir de ne laisser passer qu’une quantité précise d’eau quelque soit le débit ou la pression initial de votre réseau.
Un régulateur de débit présente les avantages suivants :
Une maîtrise de vos consommations d’eau : il existe différents calibres de réducteurs de débit. Le modèle que nous avons installé sur tous les robinets de Saba, y compris celui de l’évier, nous permet de descendre à seulement 1,7 l/mn. Pour la douche, un débit de 6 l/mn est amplement suffisant, sous réserve toutefois de disposer d’un pommeau adapté.
- Un coût réduit : disponible sur le marché pour un prix de moins de 5 €, un régulateur est très rapidement amorti par les économies d’eau générées.
- Un confort optimal : la différence de débit ne se ressent absolument pas. L’eau étant projetée sous forme de spray par une ouverture réduite, la pression ressentie reste donc pleinement satisfaisante et l’effet mouillé est également au rendez-vous. Le seul bémol que nous avons pu identifier à ce jour est la faible vitesse de remplissage d’un récipient, mais vous prendrez rapidement l’habitude de faire autre chose en attendant !
- La durée de vie prolongée de tout groupe d’eau équipé d’un vase d’expansion, qui tournera beaucoup moins, ce qui vous permettra de réduire du même coup vos consommations électriques.
Un régulateur de débit est constitué d’un joint torique qui s’écrase au fur et à mesure que la pression augmente, pour limiter la quantité d’eau délivrée lorsque vous ouvrez le robinet.
Il peut être installé sur un robinet ou un pommeau de douche.
Dans le cas d’un robinet, son installation est simple, il suffit de remplacer l’aérateur en place dans la bague par votre régulateur.
Dans le cas d’un pommeau de douche, le régulateur de débit s’installe généralement entre le flexible et le pommeau mais peut également être mis en entrée de flexible.
La réduction du débit d’une douche est toujours plus délicate car le pommeau doit pouvoir supporter cette baisse de débit, tout en conservant son pouvoir mouillant et donc la qualité de son jet. Il vous faudra donc faire des essais pour vérifier la bonne adéquation entre votre douchette et le débit résultant de la mise en place d’un régulateur.
Lorsque cela est possible, la mise en place d’une douchette avec régulateur intégré, de type Hansgrohe crometa 85 green, permet d’éviter cette éventuelle difficulté.
Sur notre douchette extérieure, illustrée ci-dessous, l’installation d’un régulateur de débit nous a permis de passer de 7,5 l/mn à 6 l/mn, soit un gain de 20%. A noter que sur ce type de douchette, avec ou sans régulateur de débit, le pouvoir mouillant reste relativement médiocre.
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En systématisant l’installation de réducteurs de débit sur vos points d’eau à bord, vous réduirez grandement vos consommations et gagnerez ainsi en autonomie sans réduire votre confort.
Cela reste certes un petit geste au regard des enjeux environnementaux du monde mais ne dit on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ?
Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.
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