Nous sommes lundi, nous venons tout juste d’arriver à Rodney bay après une excellente traversée de quelques heures seulement, le canal ayant été, une fois n’est pas coutume, excessivement clément.
Nous n’avons pas encore établi un programme précis pour visiter Ste Lucie alors quand les douaniers nous questionnent sur nos étapes à venir, nous voilà bien embêtés. Nous ressortons finalement de nos formalités d’entrée avec l’autorisation de rejoindre la réputée baie des 2 pitons le samedi suivant.
Ainsi contraints de prendre notre temps pour descendre la côte sous le vent, nous nous interrogeons longuement. Comment allons-nous organiser nos journées autour de nos courtes navigations ? Entre Marigot bay et les 2 pitons, les points d’intérêt touristiques ne sont, à première vue, pas légion, il va falloir trouver de quoi nous occuper.
Pressés de quitter Rodney Bay, à nos yeux sans grand attrait, nous commençons donc notre progression par petits sauts de puce. Et d’escale en escale, nous découvrons avec un intérêt croisant le vrai visage de Sainte Lucie, bien éloigné des clichés de cartes postales.
Nous mouillons, seuls la plupart du temps, face à de petits villages de pêcheurs, aux cases en bois colorées. Leurs habitants, chaleureux et accueillants, discutent sur le pas des portes ou jouent aux dominos sous quelque ombrage bienfaisant. Les marchés sont souvent pauvrement achalandés, on y achète un tas de ceci, un tas de cela, mais on obtient toujours en retour un sourire éclatant.
Nous assistons également à plusieurs reprises à des séances de pêche étonnantes au cours desquelles des nageurs rabatteurs adressent forces vociférations aux pêcheurs restés à bord de barques aux couleurs fanées, prêts à jeter leurs filets.
Nous mesurons à cette occasion l’entraide et la générosité qui prédominent dans ces villages déshérités.
Un après midi, mouillés sur corps mort face à Canaries, aux premières loges pour admirer une telle partie de pêche collective, nous voilà soudainement encerclés, nous sommes pris dans le filet ! Nous nous retrouvons contraints de larguer la bouée à laquelle nous sommes amarrés pour libérer ce dernier en lui permettant de passer sous notre quille.
Les pêcheurs, affables, nous donnent un coup de main pour nous attacher à nouveau. Ils ne paraissent aucunement dérangés par notre présence au milieu d’eux, comme si nous n’étions finalement qu’une menue broutille !
A notre réveil le lendemain matin, nous découvrons tout ce petit monde prêt à se remettre à l’ouvrage. Nous préférons donc décoller de là sans attendre et rejoindre le mouillage de Soufrière, quelques milles plus loin.
Nous partons toutefois avec le souvenir mémorable d’un pêcheur sans grande pudeur, qui nous offre en guise d’adieu le spectacle de son magnifique fessier parfaitement musclé …
Brève de mer #16