En prévision de notre départ en grande croisière, nous avons procédé, avant de partir, à une révision rapide de notre matériel de pêche, délaissé depuis quelques années faute d’opportunité de l’utiliser, en réalisant, entre autre, le changement des hameçons, un contrôle de nos lignes et bas de ligne, le démontage complet des moulinets et leur graissage.
En partie faute de temps mais également parce que nous ne voulions pas réinvestir dans du matériel parfois coûteux, nous nous sommes contenté de cet entretien minimum, sans trop nous rendre compte alors que nous occultions ainsi l’impact d’un facteur essentiel, l’âge de notre équipement et donc son usure due au temps ..
Ce n’est qu’une fois parti que nous avons pris conscience de notre erreur.
A l’occasion de l’une de nos premières traversées, nous avons perdu 3 leurres d’affilée en une seule journée, ce qui ne nous était jamais arrivé jusqu’alors …
Et un peu plus tard, en nous rabattant sur la planchette japonaise, les leurres de la traîne ont eux aussi été emportés par un poisson dès la première touche, en raison d’un émerillon oxydé.
Ce jour là, nous avons pris conscience qu’il ne fallait pas attendre d’en arriver là pour s’occuper sérieusement du matériel de pêche, même si nous sommes avant tout des plaisanciers et que, bien souvent, nous avons déjà beaucoup à faire sur nos voiliers.
Pour que notre matériel de pêche reste performant et qu’il nous accompagne de longues années, il est donc nécessaire de l’entretenir régulièrement. Mais inutile de se lancer dans un entretien minutieux après chaque navigation tel que le ferait un « vrai »pêcheur, qui rentre chez lui après sa sortie de pêche, quelques bons gestes réguliers suffisent.
Voici donc notre b-a-ba de l’entretien du matériel de pêche à la traîne en voilier en version 20/80, soit les 20% indispensables à réaliser pour conserver un matériel parfaitement entretenu à 80%.
En restant ainsi simple et pragmatique, vous remontez du frais pour vos repas sans perdre de leurres coûteux, ce qui évitera également aux poissons d’emporter vos hameçons en guise de piercing.
L’entretien du moulinet
Si, comme nous, vous avez opté pour un moulinet de la marque Penn Senator®, reconnue dans le monde entier pour sa fiabilité, sa facilité d’entretien ainsi que pour l’efficacité, la régularité et la puissance de son système de frein à étoile, l’entretien minimal recommandé est assez simple.
Il convient de procéder au démontage complet du mécanisme en fin de saison, de contrôler et de graisser l’ensemble des pièces puis de vérifier l’usure des disques de frein.
Il importe toutefois de réaliser également le plus régulièrement possible un rinçage à l’eau douce, soit à chaque fois que l’occasion se présente.
Mais avant toute chose, nous avons pu constater que la dégradation de nos moulinets correspond principalement à une corrosion extérieure de surface et à la détérioration des éléments (et des fils) par les UV.
L’entretien commence donc par le rangement systématique des cannes quand nous ne les utilisons pas, ce qui correspond finalement à la majeure partie du temps en croisière. En effet, dans notre cas par exemple, nous ne pêchons à la traîne que lors des traversées. Il faut surtout éviter de les laisser à poste dans leur porte canne qui ne constitue pas un rangement adapté (ni sécurisé au mouillage!).
L’entretien des cannes
Comme pour le moulinet, il est important de procéder à un lavage régulier de vos cannes, à l’eau douce additionnée d’un peu de lessive liquide, a minima à chaque fin de saison.
Une brosse à dents pourra être utile pour laver les poulies et anneaux du corps de canne ainsi que la poulie de tête, extrêmement sollicitée.
Une fois le tout bien sec, procédez au démontage de chaque poulie pour en nettoyer les roulements, puis à un bon graissage et au remontage. Cette opération peut sembler répétitive et fastidieuse mais elle vous évitera sans aucun doute bien de mauvaises surprises (pas de poulies grippées ni désaxées, ni de vis desserrées).
L’entretien des montages
L’entretien des montages est un point primordial car les nombreux nœuds, agrafes, émerillons d’une ligne de traîne constituent autant de points faibles lors d’une jolie touche et présentent un risque de casse important.
Il importe donc de bien contrôler systématiquement tous les montages avec lesquels vous venez de pêcher avant de les ranger jusqu’à leur prochaine utilisation :
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- Vérifiez l’intégrité du corps de montage en inspectant les pièces métalliques (émerillons & agrafes), les nœuds, les ligatures
- Éliminez tout montage dont le fil serait devenu irrégulier ou aurait perdu de sa souplesse car ce dernier risque de casser rapidement
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Refaites vos bas de ligne s’ils ont vrillés, en cas de déformation repérée ou de présence d’un nœud le long du fil
- Contrôlez l’état de vos hameçons et changez-les au moindre doute. Leur pointe doit être extrêmement piquante et ils ne doivent pas être (trop !) attaqués par la rouille qui s’installe très vite, ni déformés
Comme pour les moulinets, si vous avez la possibilité de les rincer également après chaque séance de pêche, ne vous en privez surtout pas !
Nous privilégions désormais les éléments en inox (agrafes, émerillon & hameçons) car leur fiabilité et durée de vie sont bien meilleures. Les autres matériaux, moins résistants aux dures conditions de vie sur nos voiliers (humidité, salinité, UV), se corrodent très vite … et un changement s’avère nécessaire fréquemment.
Il est relativement aisé de trouver du bon matériel chez les magasins spécialisé en pêche au gros.
Nous avons acheté il y a plus de quinze ans aux Antilles des agrafes inox intégrant un émerillon d’une taille conséquente sur roulement à bille, pour 1€ pièce. Ces attaches sont aujourd’hui toujours en parfait état (malgré la quasi absence de rinçage à l’eau douce) et s’avèrent donc a posteriori avoir été un excellent investissement.
Pour les nœuds réalisés sur une ligne en nylon, pensez à brûler l’extrémité du fil juste après le nœud, de manière à former une petite boule empêchant le fil de glisser en cas de défaut du nœud. Nous n’utilisons qu’un seul type de nœud (le nœud de Rapala, détaillé dans la notice livrée avec ces leurres lors de leur achat) ce qui nous permet de le maîtriser parfaitement. En restant ainsi simple et pragmatique, nous sommes confiant dans nos nœuds et donc dans nos lignes de traîne.
L’entretien des leurres
L’entretien des leurres rejoint en grande partie celui des montages. Néanmoins, suite à notre mésaventure récente avec des poissons nageurs de la marque Rapala, ce point nous semble mériter un paragraphe dédié.
En effet, comme évoqué ci-avant, nous avons perdu en une seule journée 3 leurres plongeur Rapala à bavette métallique, ce qui ne nous était jamais arrivé en plus de 15 ans de pratique.
A chaque fois, nous n’avons remonté que la bavette métallique, la rupture ayant eu lieu au niveau de l’axe serti qui accroche la bavette au poisson. Il importe donc également de vérifier régulièrement la résistance mécanique du leurre en lui même.
Il est possible d’observer si la corrosion s’installe au niveau du sertissage mais outre cette vérification visuelle, nous avons choisi de procédé à un test de résistance pour nos leurres nageurs restants en nous basant sur le réglage du frein du moulinet, soit 1/3 de la résistance du fil. Ainsi, pour un fil de pêche supportant 30 kgs, nous avons vérifié que les leurres résistaient à une traction de 10 kgs minimum.
Nous avons donc exercé une force de 10 kgs pour vérifier que nos leurres ne partaient pas en morceau et ceux ayant résisté à ce test ont été déclarés toujours aptes à pécher !
L’entretien du fil
Pour protéger votre fil de traîne d’une détérioration prématurée, il est important de ne pas le stocker en plein soleil. Il importe donc de ranger tant votre moulinet que vos bobines bien à l’abri de la lumière dans un coffre, ce qui évitera par ailleurs de créer une source de tentation pour les voleurs potentiels.
Inspecter également votre fil au moins une fois par saison. Une manière simple et rapide de procéder à cette vérification consiste à pincer votre fil entre le pouce et l’index et à le faire ainsi glisser entre vos doigts en le rembobinant. Vous sentirez alors toutes ses irrégularités (vrilles, nœuds, pincements, abrasions).
Là encore, ne prenez aucun risque : à la moindre irrégularité, n’hésitez pas à sacrifier la partie de ligne abîmée voire à changer entièrement votre fil.
Une astuce toutefois pour éviter de remplacer votre fil systématiquement : si votre bobine contient au moins 250m de fil, vous pouvez retourner le nylon pour utiliser la partie qui n’a jamais encore pêché. Il vous faudra pour cela disposer d’une bobine vide que vous vous remplirez à partir de la bobine jusqu’alors utilisée. Ainsi, vous enroulez d’abord le fil usagé au centre de la nouvelle bobine pour terminer par la partie neuve qui deviendra alors pleinement utilisable.
Pour résumer simplement les quelques conseils ci-dessus, qui vous garantiront la fiabilité et la durabilité de votre ligne de traîne et vous permettront de pêcher en toute sérénité :
- achetez du matériel de qualité, cela limitera et vous facilitera son entretien courant
- rangez votre matériel quand vous ne l’utilisez pas, afin de prolonger sa durée de vie
- inspectez après chaque séance de pêche vos fils, montage et leurres, afin d’éradiquer les éventuels points faibles repérés au fur et à mesure
- procédez aussi souvent que possible à un rinçage complet de l’ensemble de votre matériel
- entretenez a minima annuellement vos cannes et moulinets
Nous vous souhaitons bon vent et surtout bonne pêche !