Installer un Raspberry comme ordinateur de bord sur un voilier : est-ce une bonne idée ?

appel raspberry 400A la question « pourriez-vous encore naviguer sans informatique à bord de votre voilier ? », la plupart des plaisanciers répondent par la négative, y compris ceux qui, comme nous, ont pourtant connu la navigation sans GPS.

Car à l’époque des appareils mobiles et des innombrables applis comme Windy, aux muliples fonctionnalités il devient vraiment difficile de s’en passer. Et nombreux sont ceux qui vont même jusqu’à doubler leurs équipements pour ne pas prendre le risque de devoir s’en passer.

Quel type d’ordinateur de bord choisir ?

Mais si la question du recours à l’informatique en navigation semble clairement tranchée, celle relative à l’équipement vers lesquel se tourner reste encore souvent entière.

En effet, si les ordinateurs portables ou mobiles sont de plus en plus puissants tout en étant a contrario de moins en moins gourmands en énergie, leur résistance au milieu marin reste cependant assez mauvaise (corrosion des circuits), leur durée de vie limitée alors que leur coût reste élevé

Il existe désormais sur le marché des nano-ordinateurs, relativement puissants et d’un coût abordable (quelques dizaines d’euros), parfaitement compatibles avec nos besoins à bord d’un voilier (logiciels de navigation et météo notamment).

version fixeCes nano-ordinateurs présentent l’avantage d’avoir une consommation en électricité quasi nulle et de ne dégager donc que peu de chaleur. Il est ainsi possible, en milieu humide, de les isoler totalement dans un caisson étanche.

De plus, compte tenu de leur consommation dérisoire (3W , sans l’écran), ils peuvent rester allumés en permanence, ce qui présente de nombreux avantages :

  • partager les données NMEA de votre centrale de navigation avec vos équipements mobiles (smartphone ou tablette), qui servent alors d’écrans déportés et vous offrent des outils complémentaires pour la navigation (logicels de navigation & de routage). Avec un nano-ordinateur, nul besoin donc d’acheter un routeur NMEA/Wifi, souvent coûteux chez les ships.
  • centraliser tous vos fichiers (navigation & le multimédia) et jouer le rôle de serveur pour tous les autres équipements du bord
  • exploiter informatiquement des données de la centrale de navigation en programmant des enregistrements et des alarmes.

Vous en conviendrez donc, s‘équiper d’un nano-ordinateur apparaît relativement séduisant alors détaillons ensemble l’équipement nécessaire pour pouvoir se lancer dans l’aventure d’un ordinateur de bord performant, presque fait maison !

Le matériel nécessaire à l’installation d’un Raspberry à bord d’un voilier

Comme pour tout ordinateur, il est nécessaire d’investir dans du matériel physique. La différence réside dans le fait que pour installer un Raspberry, il faut tout un ensemble de petits composants électronique / informatique, faciles à trouver toutefois et à moindre coût sur les plateformes Ebay ou Alibaba, mais avec un certain délai d’approvisionnement.

Pour installer un nano-ordinateur à bord de votre voilier, il vous faut le matériel suivant pour commencer :

  • un raspeberry Pi 4, dont le prix varie de 40 à 80€, en fonction de la mémoire choisie ( 2 à 8 Go possibles, une configuration avec 4 Go est déjà robuste).
  • une alimentation permettant de passer de 12V à 5V (4 €), recommandée pour une installation fixe. Un raspberry peut également être alimenté via un cable USB-C mais cette micro-connectique étant sensible aux vibrations / corrosion, mieux vaut l’éviter pour garantir la fiabilité du fonctionnement de votre nano-ordinateur dans le temps.peripheriques
  • un boitier alu pour Raspberry (9 €) qui permet de protéger votre « unité centrale » et de faciliter la dissipation de la chaleur, surtout si vous optez pour une installation fixe généralement «reléguée au placard ». Il existe des boitiers équipés d’un ventilateur au cas où votre Raspberry souffrirait de la température (ces derniers ne sont pour le moment pas nécessaires sur notre installation alors qu’il fait au moins 30° dans le bateau ).
  • un clavier, plutôt étanche & sans fil, pour être pleinement adaptée à la navigation (mais un clavier standard, si vous en avez un à récupérer, fait également parfaitement l’affaire).
  • une souris tackball sans fil (là encore, Une souris traditionnelle peut être utilisée mais elle sera probablement moins pratique à l’usage).
  • un écran HDMI, à brancher sur 12V, via un convertisseur. Nous avons fait le choix de recycler l’écran LED 24’ d’un ancien ordinateur de bureau, très confortable pour travailler mais qui consomme environ 20W. Nous l’éteignons donc systématiquement lorsque nous n’utilisons pas le Raspberry. Le Raspberry ayant la capacité de gérer 2 écrans, il est également possible de s’équiper d’un écran déporté via wifi ou bluetooth et donc d’utiliser ses outils de navigation même à la barre !
  • un cable micro-HDMI / HDMI (6 €)
  • un hub USB 3.0 avec 4 sorties (7 €) car le Raspeberry ne possède que 4 sorties USB, ce qui peut être limitant.
  • un convertisseur USB/RS422 pour NMEA183 (3 €) ou USB/CAN (30 €) pour NMEA2000. Le coût d’acquisition de ce type de convertisseurs est sans commune mesure avec celui des convertisseurs dits « marins », vendus dans les ships.
  • une carte SD 64 ou 128 Mo avec de bonnes performances lecture / écriture (27 € en 128 Go), qui contiendra l’ensemble de vos logiciels & données.
  • Et éventuellement un disque dur USB, qui pourra vous servir de serveur de données et abriter tous vos fichiers (de navigation mais également multimédia à partager à bord). Un tel disque dur peut également vous permettre de faire régulièrement une sauvegarde centralisée. A noter que les versions SSD deviennent de plus en plus abordables et sont également plus adaptées à l’environnement marin. Elles peuvent aussi remplacer votre carte SD.

Pour installer un Raspberry 4Go, hors périphériques (clavier, souris, écran), le coût total s’élève donc à 116 €. Pour un équipement complet, à neuf, il faut donc prévoir d’investir environ 200 €.

Les logiciels disponibles sur Raspberry

Un nano-ordinateur Raspberry fonctionne uniquement sous linux et non sous windows, ce qui peut être pour certains d’entre vous assez limitant, voir rédhibitoire, car bien peu d’entre nous sont familiers de linux alors que toutes les ressources y sont gratuites

La communauté Raspberry est très active et il existe notamment un environnement, dédié au nautisme, dénommé openplotter, qui fournit une base logiciels adaptée à nos besoins nautiques.

On y trouve entre autre tous les outils nécessaires pour exploiter les flux NMEA en provenance de notre centrale de navigation, les exploiter en Wifi avec nos équipements mobiles et gérer d’éventuels capteurs complémentaires (pression, température, cellule photosensible …).

Pour découvrir cet environnement, n’hésitez pas à visiter ce site sur lequel vous trouverez toutes les explications utiles sur son contenu et son installation.

Au final, vous pourrez donc installer une multitude de logiciels libres :

pour vos navigations

  • qtVlmraspberry config
  • openCPN
  • zyGRIB

pour la bureautique

  • libreoffice, l’équivalent de microsoft office
  • VLC, pour la lecture de vos fichiers multimédia
  • firefox ou chromium pour naviguer sur internet et si vous utilisez un compte sur le cloud, vous retrouverez votre environnement de travail totalement similaire à ce que vous utilisiez à terre
  • thunderbird, qui permet de télécharger toutes vos adresses de messagerie facilement

Les avantages & inconvénients comparés d’un Raspberry à bord d’un voilier

Maintenant que vous avez découvert comment composer votre Raspberry et les logiciels disponibles sous linux, balayons ensemble les avantages mais aussi les inconvénients d’un tel équipement.

Les avantages d’un Raspberry

Les avantages d’installer un Raspberry comme ordinateur de bord sont relativement nombreux :

  • Coût d’investissement modéré (y compris en cas de défaillance ou de remplacement car la durée de vie de l’électronique à bord reste toujours comptée)
  • Modularité & indépendance: le Raspberry Pi est le coeur de votre système informatique, et viennent s’y greffer tous les autres éléments. Votre ordinateur est donc composé en lien étroit avec vos besoins propres et parfaitement adapté à votre usage. Enfin, chaque élément est indépendant et peut donc être changé très facilement et à moindre coût en cas de défaillance.
  • Evolutif : Il n’y a pratiquement aucune limite en la matière. Votre Raspberry peut potentiellement remplacer tous les systèmes vendus par les shipchandlers, pour ceux qui cherchent une solution plus personnalisée et/ou plus économique.
  • Installation à demeure : vous disposez d’une installation fixe plus robuste vis-à-vis du milieu marin que la pupart des autres types d’ordinateur
  • Disponibilité H24 : sa faible consommation sans écran permet une utilisation en continu, ce qui facilite le suivi, l’enregistrement et le traitement de vos données (vent, pression, position …)
  • Maintenabilité : la maitenance de cet équipement est aisée et peu coûteuse, compte tenu de l’indépendance de chaque composant et de leur faible coût, qui offre la possibilité d’aquérir et de stocker quelques éléments en secours (alors que lorsqu’un élément de votre PC portable ou tablette est rongé par l’oxydation … vous devez tout change!). Et si votre raspberry a une défaillance, vous ne perdez pas toutes vos données, vous remplacez votre unité centrale et réinsérez votre carte SD, et vous voilà instantanément reparti avec rigoureusement la même configuration logiciel que précédemment, ce qui s’avère bien pratique en voilier.

Avec un Raspberry, vous pouvez enfin travaillez depuis chez vous et préparer vos outils de navigation / fichiers en ne déplaçant que votre carte SD ou votre disque dur. Quand vous arrivez à votre bord pour partir votre croisière, vous réinsérez votre carte SD dans votre Raspberry et vous êtes fin prêt et opérationnels : les waypoints et routes de navigation sont chargés et prêts à fonctionner, vos nouveaux fichiers multimédia sont partageables à bord …

Versus ses Inconvénients

Comme dans tout choix d’équipement, opter pour un Raspberry présente aussi quelques inconvénients :

  • Fonctionnement sous LINUX uniquement
  • Installation logicielle assez technique, loin du plug & play auquel nous sommes habitués … le revers de la modularité.
  • Temps d’installation à bord plus important que pour un ordinateur tout en 1 (achat des différents modules, câblage, positionnement, …)

Le champs des possibles d’un Raspberry comme ordinateur de bord

ecran navigationNous venons de voir qu’un Raspberry peut rendre de nombreux services à bord d’un voilier, à partir d’une configuration de base, en exploitant notamment les logiciels de navigation QtVlm et open CPN mais avec un tel « cerveau » à bord, branché en permanence, il serait dommage de s’arrêter là.

Sur internet, il est possible de découvrir de multiples autres utilisations du Raspberry, comme par exemple :

      • gestionnaire de batterie
      • gestionnaire des réservoirs d’eau et de gasoil
      • pilote automatique,
      • alarme à distance d’effraction
      • alarme à distance de dérapage du bateau au mouillage

En effet, un ordinateur Raspberry dispose d’entrées / sorties permettant de contrôler tout ce que l’on veut à bord, avec ou sans capteurs complémentaires.

Pour cela, il suffit juste de lui ajouter les relais 5V nécessaires pour commander n’importe quel appareil électrique. Ainsi, même sans capteur dédié, vous pouvez par exemple, commander votre pompe de cale pour un déclenchement à fréquence régulière par sécurité, déclencher vos éclairages ou la radio le matin …

Nous avons nous le projet de brancher un capteur de distance (capteur à ultrason pour 7€) dans notre puits de quille, afin de connaître précisément la position de la quille relevable de Saba et ainsi son tirant d’eau exact en permanence … stratégique pour rejoindre des mouillages un peu ricrac à première vue !

 

En conclusion, un ordinateur de bord constitue aujourd’hui un élément de sécurité et de confort sur un bateau dont il serait fort regrettable de se priver. Bien entendu, cet équipement électronique peut tomber et tombera un jour en panne.

Cependant l’utilisation d’un Raspberry permet de gérer au mieux cet aléa avec un peu de d’anticipation (constitution d’un stock de rechange) et à faible coût, d’autant plus que doubler son système informatique permet de disposer d’un plan B et ainsi d’être à peu prêt serein en navigation.

Alors, au regard de l’investissement limité que représente un Raspberry (surtout par comparaison avec tous les autres équipements nécessaires sur un voilier) et de ses nombreuses possibilités, il n’y a pas trop à hésiter, sous réserve toutefois d’être prêt à investir également un peu de son temps personnel et de ne pas être rebuté par l’informatique.

Aviez-vous déjà songé à vous équiper d’un Rasberry à votre bord ? Si oui, pensez à partager avec nous votre retour d’expérience et l’utilisation que vous en faites dans les commentaires ci-dessous.

Et si cet article vous a plu, likez-le et partagez-le largement afin de le faire connaître.

Par avance, nous vous disons merci.

Bon vent et bon mer

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4 comments

  1. Levasseur - Répondre

    Bonjour,
    J’ai tenté l’expérience du raspberry il y a quelques années, autant par curiosité que pour l’aspect économique. J’ai fini par abandonner devant la complexité du système. Les forum étaient l’affaire de spécialistes et pour trouver par exemple un écran adapté il fallait expérimenter et donc investir.
    Les choses ont sûrement évolué depuis et votre article de donne bien envie de m’y replonger.
    Merci et bravo pour tous vos articles.
    Nicolas
    Coco Panache

    • Hélène & Bertrand - Répondre

      Bonjour,
      Je pense que les choses se sont améliorées avec le temps mais il ne faut pas se voiler la face, ce n’est pas encore du plug & play !!! Si l’on reste dans des fonctionalités simples, pour faire tourner les logiciels de navigation, on doit pouvoir s’en sortir. Par contre, comme en informatique d’une manière générale, quand cela commence à bugger, cela peut devenir compliqué pour le néophyte.
      Tenez nous au courant si vous reprenez cette voie.
      Bertrand

  2. Jean - Répondre

    Bonjour,
    Je lis votre article avec grand intérêt, d’autant qu’il est assez récent pour parler du Pi 4. J’avais considéré l’installation d’un Raspberry sur mon vieux biquille, et cela me donne envie d’y replonger, pour améliorer l’électronique de bord bien réduite.
    Du fait que le tirant d’eau est faible (<1m), on peut aussi se laisser piéger, et du coup la surveillance en continu est intéressante.
    Mes projets ne verront sans doute pas le jour cette année, COVID oblige, mais je vous remercie d'avoir pris la peine de débroussailler ce sujet !
    Félicitations !

    • Hélène & Bertrand - Répondre

      Bonjour
      Merci pour votre soutient. Tenez nous au courant de l’avancée de vos projets, même si cela prends un peu de temps

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