L’AIS, un allié de choix pour localiser ses bateaux-copains autour du monde ?

flux-signaux-aisVous avez sûrement déjà entendu parler de l’AIS (Automatic Identification System), ce système d’aide à la navigation aujourd’hui très répandu, qui permet notamment de localiser une grande majorité de navires sur les mers du monde en temps quasi-réel.

L’AIS a littéralement transformé le monde maritime ces dernières années en y apportant à la fois transparence et sécurité, tant dans le cadre de la gestion de l’espace maritime que pour la navigation.

Pour nous autres navigateurs à la voile, l’AIS nous offre une veille facilitée, en particulier vis-à-vis des navires de taille importante, aujourd’hui tous équipés de ce système (n’hésitez pas à lire ou à relire notre article complet Utiliser l’AIS pour voir et être vu en mer pour plus de détails).

suivi-bateau-par-l-aisMais cet équipement, initialement utilisé pour la prévision des collisions, peut également être un moyen intéressant pour suivre les voiliers amis lors de leur croisière estivale ou dans leurs pérégrinations autour du monde. En effet, quelques outils numériques proposent une visualisation cartographique de leur localisation, actuelle mais également historique sur 24h.

Toutefois, comme tout système, ces outils présentent des limites qu’il importe de bien comprendre pour interpréter correctement leurs résultatset éviter de s’alarmer inutilement si un voilier de votre connaissance parti en longue navigation, en transat par exemple, ne s’affiche pas sur votre écran au bout du délai présumé de traversée.

Car c’est ce qui nous est arrivé. Au bout de 2 semaines, des amis partis en transat bien avant nous sur un cata rapide, n’apparaissaient toujours pas sur Vessel Finder alors qu’ils auraient dû être arrivés en Martinique. Au bout de trois semaines, nous avons commencé sérieusement à nous inquiéter. Renseignements pris auprès de connaissances communes, nous avons alors découvert qu’ils avaient perdu leurs 2 safrans concomitamment en cours de transat, et de fait été fortement retardés dans leur traversée. Mais cette mésaventure nous a également permis de découvrir que la couverture AIS terrestre de Vessel Finder était quasi-inexistante dans la zone caraïbe, d’où cette absence de signal.

De cette expérience est né notre besoin d’approfondir les réelles possibilités de suivi de nos bateaux-copains via le système AIS

AIS terrestre et S-AIS, une complémentarité nécessaire

La plupart des stations terrestres, souvent installées sur des points hauts, et qui reçoivent les signaux des navires équipés d’un émetteur – récepteur AIS (communément appelé transpondeur) disposent d’une capacité de réception moyenne comprise entre 40 et 60 milles marins, selon les obstacles physiques qui peuvent faire écran aux ondes radio-électriques et les conditions météorologiques.

Le système AIS ne couvre donc initialement que certaines zones littorales et nécessite une densité de stations terrestres suffisante pour garantir une couverture satisfaisante de l’espace maritime.

l-ais-satelliteFace à cette couverture géographique restreinte, la solution a fini par venir de l’espace avec l’AIS satellite, dénommé « S-AIS ». Dès 2008, ce sont les gardes côtes américains qui en ont, les premiers, bénéficié, suite au lancement d’une première constellation de six satellites embarquant des systèmes de réception AIS.

Associé aux satellites d’observation optique et aux radars, le S-AIS a permis tout à la fois d’assurer une surveillance globale et permanente du monde maritime tout en s’affranchissant du risque de mauvaises conditions météorologiques.

Ce système permet donc désormais aux utilisateurs de s’affranchir des limites de portée des stations terrestres et offre un service de suivi mondial, capable de couvrir les anciennes zones blanches comme les contrées reculées ou la haute mer.

En offrant la possibilité d’identifier parfaitement les navires jusqu’alors uniquement visibles sur un écho radar, le S-AIS permet par exemple aux autorités maritimes de surveiller toute tentative de dissimulation (dégazage sauvage, pêche illégale, …) car la présence d’un transpondeur étant obligatoire pour tous les navires dont la jauge brute est supérieure à 300 tonneaux depuis juillet 2007, toute absence de signal attire désormais leur attention.

Le S-AIS est aujourd’hui pleinement opérationnel et plusieurs opérateurs commercialisent les données du trafic maritime mondial.

En effet, les données contenues dans chaque message AIS permettent de constituer d’impressionnantes bases de données et de suivre en détail l’itinéraire de chaque navire grâce à son « identité de service mobile maritime », plus connu sous le nom de n° MMSI.

De nombreux sites spécialisés collectent donc les milliers de signaux AIS émis chaque jour en combinant à la fois le réseau des stations terrestres et le système satellitaire S-AIS.

Les données AIS accessibles au grand public

De nombreux sites permettent à leurs utilisateurs de visualiser les données AIS en temps réel, mais également d’accéder à un grand nombre d’informations archivées (historique de navigation, cargaisons, destination, etc.).

Marine Traffic et Vessel Finder pour sont les plus connus des navigateurs, à qui ils offrent la possibilité de localiser et suivre l’avancée de leurs bateaux amis.

recherche-ais-sabaTous deux nécessitent a minima de connaître le nom du bateau (et sa nationalité), ou mieux encore, son numéros MMSI, ce numéro d’identification unique à 9 chiffres qui permet d’éviter toute méprise si de nombreux bateaux portent le même nom dans le monde.

l-ais-nom-voilier-originalPar exemple, si vous cherchez à nous localiser, vous peinerez à nous identifier dans la longue liste de voiliers dénommés SABA, preuve que nous n’avons pas fait dans l’originalité sur ce coup-là (les raisons de notre choix sont clairement ailleurs …). Par contre, lors de notre premier voyage, nous avons rencontré un prétorien wauquiez (comme nous) portant le patronyme d2x/dt2. Et là, avec un nom pareil, pas de confusion possible !!!

Quel que soit le site que vous choisissez d’utiliser, il suffit de lancer une requête à partir de l’identité du voilier que vous recherchez pour le trouver instantanément.

fiche-identité-vessel-finder

Toutefois, vérifiez toujours la date de réception du dernier signal pour contrôler si les données disponibles sont bien actualisées. Et n’oubliez pas non plus que l’AIS de l’ami que vous recherchez doit émettre, donc être allumé, pour rendre son voilier visible, ce qui n’est pas toujours le cas lors d’un mouillage prolongé ou d’une escale au port, tout dépend des habitudes du capitaine.

MARINE TRAFFIC

La version de base de Marine Traffic, uniquement basée sur les données des stations terrestres, est consultable gratuitement sur le web ou via les applis smartphone Android et Ios, mais moyennant dans ce cas une modique somme.

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Il est possible de connaître la qualité du suivi AIS disponible via les stations terrestres en consultant la carte des stations disponibles. Cette dernière permet de visualiser la répartition très inégale de la couverture AIS à la surface du globe. En cliquant sur une station en particulier, on accède au détail de ses performances telles que sa portée en réception ou la zone couverte … Ces données sont très instructives pour vérifier la pertinence de Marine Traffic sur une zone de navigation spécifique.

l-ais-infos-detail-station

Si la zone dans laquelle vous recherchez un voilier n’est pas couverte par le réseau des stations terrestres utilisé par Marine Traffic, vous avez la possibilité de souscrire un abonnement payant auprès de cet opérateur afin d’accéder à ses données satellites.

Mais auparavant, procédez à la même recherche sur Vessel Finder car ces 2 fournisseurs de données n’utilisent pas les mêmes sources et, selon les zones, la couverture peut être significativement différente.

Il importe donc de comparer systématiquement la concurrence avant de passer sur une version payante !

VESSEL FINDER FREE

Disponible également par internet et sur smartphone (tant pour Android qu’Ios) mais avec une version de base gratuite dans tous les cas, Vessel Finder fonctionne de façon tout à fait similaire à Marine Traffic mais dispose par contre d’une couverture côtière plus réduite, basée essentiellement sur l’Europe, et notamment les pays du nord de cette dernière.

l-ais-couverture-vessel-finder

Mais ne vous arrêtez pas à la carte de couverture présentée par l’opérateur himself ! Si vous supprimez la visualisation des données satellites, vous pourrez constater que les données issues du réseau terrestre restent conséquentes et que cet opérateur propose une couverture tout à fait intéressante, qui mérite donc d’être également consultée.

Alors l’AIS, un outil pertinent de suivi des voiliers au large ?

Grâce aux données AIS, il est aujourd’hui possible de localiser et de suivre un voilier en navigation autour du monde.

Toutefois, si le suivi en zone côtière est performant, actualisé et gratuit (au moins sur internet), il n’en est pas de même pour un suivi au large, qui nécessite de recourir aux données satellitaires.

Or ces dernières ne sont jamais disponibles via les versions gratuites des outils proposés par les opérateurs spécialisés et les tarifs des abonnements sont encore aujourd’hui relativement dissuasifs pour le grand public

Seule l’application smartphone de Marine Traffic propose une formule ponctuelle qui permet d’accéder aux données S-AIS pour 24h uniquement et pour un bateau seulement, ce qui rend tout de même possible la localisation d’un voilier le temps d’une journée, et peut être utile et/ou rassurant à l’occasion d’une traversée stratégique ou d’une longue navigation par exemple.

Mais dans un tel cas de figure, un suivi par téléphone satellite IRIDIUM, une balise SPOT ou un matériel GARMIN INREACH, apparaît encore aujourd’hui plus efficace et plus accessible financièrement.

Enfin, il convient également de garder à l’esprit sur la qualité d’émission des transpondeurs embarqués sur les voiliers influe directement sur la qualité de la couverture AIS. Ainsi, les signaux émis par un AIS de classe B sont souvent mal réceptionnés par les satellites AIS, ce qui créé des discontinuités dans le suivi desdits navires.

l-ais-big-brotherPour suivre efficacement un voilier au large via le système S-AIS, il apparaît donc nécessaire au préalable que ce dernier s’équipe désormais d’un AIS de classe « B+ ».

Mais, il peut aussi s’avérer hautement stratégique de rester parfaitement invisible aux yeux du big brother AIS, notamment lorsque vous arrivez dans un nouveau pays en dehors des lieux et horaires autorisés (et que vous risquez donc une surtaxe salée) ou lors d’un épisode de confinement mondial, comme à l’occasion du Covid-19, et que vous souhaitez juste changer de mouillage pour vous mettre plus en sécurité …

Nous vous souhaitons bon vent, et bonne mer

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4 comments

    • Hélène & Bertrand - Répondre

      Merci Dominique, effectivement un blog de référence

  1. Michel Guignard - Répondre

    Merci pour l’article.
    Très intéressant et qui répond à beaucoup de mes questions au sujet de mon AIS et de la réception des signaux du transpondeur.
    Bon confinement…

    Michel GUIGNARD

    • Hélène & Bertrand - Répondre

      Nous nous sommes probablement posés les mêmes questions, notamment lorsque nous avons quitté les côtes européennes !

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