A quelques mois du grand départ, nous avons enclenché la vitesse supérieure dans les préparatifs nécessaires avant de lever l’ancre.
Face à la masse d’informations à rechercher, à analyser, à comprendre, voir à négocier, dans la mesure où une vie nomade à l’étranger est rarement prise en compte dans les procédures administratives françaises, il nous a semblé intéressant de partager nos démarches avec vous.
D’aucuns diront qu’il est possible de partir quasiment du jour au lendemain, sans prendre obligatoirement une assurance santé, sans avoir au préalable constitué une cagnotte conséquente, sans déclarer ses enfants en Instruction En Famille, et ils n’auront pas tort.
De notre côté, nous faisons le choix de baliser au mieux tout ce qui peut l’être avant de partir pour nous alléger l’esprit, partir serein (tout autant que rassurer nos proches !) et profiter jour après jour de notre aventure familiale.
Nous avons donc décidé de lancer cette série de vidéos pour partager nos préparatifs et nos informations concrètes et pratiques qui pourront vous aider et vous faire gagner du temps si vous êtes dans la même dynamique que nous ou réfléchissez à un prochain voyage autour du monde.
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir comment constituer et organiser votre pharmacie. Alors, prêt à relever ce défi ?
Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.
Vous souhaitez réagir à cette vidéo ? N’hésitez pas à compléter cette liste de médicaments à embarquer dans sa pharmacie dans les commentaires.
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Transcription intégrale
Bonjour à tous,
Je suis Hélène, du blog Réussir sa Croisière à la Voile.
Après quelque semaines d’absence je reviens aujourd’hui vous parler pharmacie, histoire de compléter les précédents épisodes santé de notre série vidéo « comment partir serein en voyage autour du monde ».
Quand on décide de partir autour du monde, la constitution de notre pharmacie est souvent un sujet épineux. Il faut être un minimum prévoyant pour pouvoir réagir au besoin en toute autonomie sans pour autant tomber dans la parano et la psychose. Et très honnêtement, cette limite n’est pas toujours facile à situer.
Alors pour vous inspirer et, je l’espère, vous aider, voici comment nous avons procédé.
Environ 6 mois avant la date fixée pour notre départ, nous avons contacté le CCMM pour les informer de notre projet et récupérer la version la plus à jour de la dotation médicale recommandée.
Pour être honnête avec vous, cette proposition de pharmacie nous a quelque peu effrayé.
Nous n’avions pas imaginé un seul instant devoir embarquer des médicaments injectables ou un set dentaire. Nous avons donc pris le temps d’échanger avec notre généraliste et le médecin du SMIT pour recueillir leur avis et faire avec eux un premier tri. Leur réaction a été identique à la nôtre, ils ont été profondément surpris par l’importance de cette dotation qu’ils ont d’eux même qualifié d’hôpital de campagne, ce qui nous a conforté dans notre souhait de rester raisonnable sur cette question là également, et de ne partir qu’avec des médicaments adaptés à notre profil (âge, antécédents, projet, itinéraire) et que nous nous sentirions prêts à utiliser.
Sur cette base partagée, nous avons commencé à rendre des visites régulières à notre pharmacie, pour étaler un peu notre approvisionnement dans le temps.
Et puis nous en sommes restés là, avec nos quelques boîtes de médicaments en vrac dans un sac, en attendant la date de ma formation « médicale grande croisière » à laquelle j’avais décidé de m’inscrire, pour me rassurer et me conforter dans mon futur rôle d’infirmière du bord, n’étant professionnellement pas du tout dans le secteur de la santé.
Au cours de cette formation, nous avons bien sûr appris, entre autre, à établir un bilan vital, à suturer une plaie et à réaliser une injection intra-musculaire mais nous sommes aussi revenu sur cette question stratégique de la pharmacie, ce qui m’a permis d’arbitrer les choix laissés jusqu’alors en suspens et de finaliser enfin notre pharmacie.
Lors de cette formation, nous avons donc passé en revue les grandes familles de médicaments qu’il peut être intéressant d’embarquer dans l’aventure et je vais vous les présenter sans attendre.
Je me limiterai à ces catégories, sans vous donner à chaque fois des noms de médicaments car je ne suis pas médecin. Il appartiendra à chacun d’entre vous de faire ses choix, tant sur le principe actif à utiliser que sur les quantités à stocker.
Commençons par les anti-douleurs : ils sont classés en trois paliers, de la puissance antalgique la plus faible à la plus forte.
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Le palier I correspond aux non-morphiniques comme le paracétamol
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le palier II correspond aux dérivés morphiniques, qui peuvent être utilisés seuls (comme le tramadol) ou en association avec les analgésiques de palier I (par exemple codéine + paracétamol). Dans ce second cas, on parle de palier 1 + 2
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Le palier III correspond à la morphine
A bord, il est conseillé d’avoir du palier 1 et du palier 2 (pur ou 1+2), en cas de forte douleur comme une lombalgie ou une fracture. Mais attention, dans certaines zones du monde comme en Asie du Sud Est, les paliers II sont considérés comme des stupéfiants. Mieux vaut donc ne plus les avoir à bord en arrivant dans ces pays là.
Les anti-inflammatoires sont également préconisés dans la pharmacie du voyageur car ils peuvent être utiles en cas de traumatisme compte tenu de leur action analgésique et antipyrétique mais il importe toutefois de rester vigilant et de ne pas les utiliser s’il existe un risque d’infection car vous pouvez alors vous exposer à des complications sérieuses.
Et pour compléter la famille anthalgie, un anti-spasmodique peut également être pertinent à emporter avec soi.
les anti-histaminiques : personne n’est à l’abri d’une réaction allergique, qu’elle soit locale, suite à une piqure d’insecte par exemple, ou plus sévère, en réaction à un composant environnemental (comme les pollens) ou suite à l’ingestion d’un allergène.
Il est donc recommandé de prévoir dans sa pharmacie tout à la fois une crème d’application cutanée ainsi qu’un médicament plus ou moins fort en fonction de sa sensibilité aux allergies (aerus, prednisolone) voir, une dose d’adrénaline auto-injectable en cas de choc anaphylactique.
Les antibiotiques : il en existe de nombreuses références, plus ou moins sélectives. En grande croisière, mieux vaut partir avec une formulation large spectre qui vous permettra de traiter la plupart des petits désordres auxquels vous serez confronté. Il est intéressant d’avoir avec soi un antibio adapté aux infections de la bouche / des poumons / de la peau et un second plus spécifique du système digestif et des voies urinaires.
Comme dans le cas des allergies, une crème antibiotique pour application locale peut être intéressante car en milieu marin, un simple bouton de moustique ou une menue plaie peut rapidement s’infecter.
Enfin, un traitement anti-paludéen s’impose si vous voyagez en zone contaminée. Le choix d’un traitement préventif doit être intimement lié à la durée de votre voyage et discuté avec votre médecin traitant ou un spécialiste des maladies tropicales. De plus en plus, pour un voyage au long cours, il est préconisé de partir simplement avec un traitement curatif en cas de survenue d’une crise.
Concernant les troubles du système digestif, la liste des désordres pouvant survenir lors d’un voyage à l’étranger est longue et vous pouvez donc envisager d’emporter avec vous divers types de traitements :
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contre les douleurs gastriques, en cas d’ulcères ou de remontées acides
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contre la diarrhée
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contre les nausées et les vomissements
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contre les hémorroïdes
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contre le mal de mer
sans oublier de prendre du soluté de réhydratation, utile notamment pour les enfants en bas âge ainsi que des pansements gastriques.
En fonction de vos fragilités et de la composition de votre équipage, il peut être intéressant de compléter votre pharmacie avec une pommade anti-mycosique, utile en cas d’intertrigo, des pipettes de sérum physiologique ainsi qu’un antibiotique oculaire (en pommade et / ou en collyre) et des gouttes auriculaire, surtout si certains membres de votre équipage sont sensibles aux otites.
Il convient, pour finir, d’ajouter à cette liste déjà longue le matériel nécessaire pour :
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désinfecter voir refermer une plaie : désinfectant, pansements adhésifs étanches, stéristrip, agrafeuse
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réaliser un pansement : compresse, bande de gaz, sparadrap
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soigner une brûlure : crème cicatrisante, tulle gras
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immobiliser un membre traumatisé : bande cohésive, attelle alu
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stopper une hémorragie : coussin hémostatique, garrot tourniquet
sans oublier bien sûr les petits équipements essentiels que sont un thermomètre électronique, une couverture de survie, des gants d’examen, un ôte tique.
Pour info, le CCMM préconise également dans sa dotation un traitement pour les accidents cardiaques mais les médecins que nous avons consulté nous l’ont déconseillé compte tenu de l’absence de risque existant au regard de notre âge et de notre état de santé général. Dans le même esprit, nous avons fait le choix de ne pas embarquer d’anxiolytique !
En terme de rangement, nous avons choisi de suivre les recommandations formulées à l’occasion de la formation « médicale grande croisière » à savoir :
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un sac URGENCE contenant : de l’adrénaline, un anti allergie grave, un anti-douleur 1+2, un coussin hémostatique
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un sac SURVIE : composé d’un anti-douleur 1, d’un anti-vomitif, d’un antibio général, une bande cohésive, un anti mal de mer et une couverture de survie.
Nous avons rassemblé ces 2 sacs dans une petite sacoche étanche que nous emmènerons systématiquement avec nous lors de nos excursions, et nous y avons adjoint un désinfectant, quelques pansements, un anti-spasmodique ainsi qu’un tube de béthaméthasone pour traiter au besoin sans attendre une piqûre d’insecte ou une irritation cutanée.
Le reste de notre pharmacie a été conditionnée par grande famille (douleur, digestif, antibio, …) dans des sacs zippés sur lesquels nous avons listé le contenu au marqueur et rassemblé dans un sac étanche facilement accessible dans notre salle de bain. Nous avons ainsi supprimé tous les emballages souvent assez volumineux mais en prenant soin toutefois de bien conserver les notices.
Notre sac Pharmacie fera partie du grab bag 4 que nous constituerons au dernier moment si d’aventure nous nous retrouvons un jour obligé de quitter notre bord. Au besoin, je vous invite à aller lire l’article que nous avons rédigé sur ce sujet du bidon de survie sur notre blog et je vous remets le lien dans la transcription de cette vidéo que vous pouvez retrouver sur notre blog « réussir sa croisière à la voile ».
Nous avons répertorié tout le contenu de notre pharmacie dans un tableur exel, en prenant soin de bien y indiquer le nom de la molécule active pour, au besoin, nous réapprovisionner en route sans risque d’erreur ainsi que la posologie et les éventuelles contre indications. Ce tableau nous permettra par ailleurs de suivre nos stocks si nous venons à avoir besoin de certains médicaments.
Nous avons également conservé toutes nos ordonnances dans un lutin dédié pour, au besoin, justifier la présence de certains médicaments ou matériels médicaux à bord.
Lorsque l’on part en grande croisière, il convient d’être prudent et donc un minimum prévoyant. Cette question de la pharmacie ne doit pas être prise trop à la légère.. Toutefois, sachez que si, comme nous, vous n’êtes pas trop portés sur la médecine allopathique, il est aussi possible de choisir de mettre dans votre pharmacie quelques huiles essentielles réputées pour soigner les petits bobos du quotidien.
Je vous donne la liste des 7 huiles essentielles que nous avons choisi d’utiliser : lavande fine, menthe poivrée, ravinstara, tea tree, immortelle, camomille noble, citron.
Si cela vous intéresse, je vous propose de télécharger un petit document de synthèse qui reprend les vertus de ces différentes huiles essentielles et leurs modalités d’utilisation, le lien est là encore disponible dans la transcription ci-dessous.
Voilà, je crois que j’ai fait le tour sur cette question de la pharmacie à embarquer à bord d’un voilier de croisière.
J’espère que cette nouvelle vidéo vous sera utile pour constituer votre propre dotation médicale. N’hésitez pas, au besoin à compléter mes propos dans les commentaires ou, pourquoi pas, à poser vos questions, j’essayerai d’y répondre au mieux.
Je vous dis à très bientôt.
Tchao.
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