Manoeuvrer au moteur

manoeuvrer au moteurVous rentrez d’une belle sortie en mer, tout s’est bien passé, les conditions météo étaient favorables, la mer conciliante, votre équipage a apprécié l’aventure et vous avez partagé de biens agréables moments tous ensemble.

Mais à l’approche de votre place de port, cette belle harmonie peut voler en éclats. Vous êtes tendu et angoissé par la manœuvre à réaliser pour prendre votre place, trop étroite à votre goût, parce que les rafales de vent prennent de la puissance ou que votre équipage n’est pas parfaitement aguerri.

Vous sentez votre appréhension se renforcer, alors que vous ne rêvez que d’une chose, finir votre belle navigation par une manœuvre au port impeccable, effectuée avec sérénité !

Pas de panique, votre rêve est à porter de main, avec juste quelques principes et tout de même un peu de pratique.

Connaître le pas de son hélice pour bien manœuvrer au moteur

Vous l’avez déjà constaté, un voilier ne se conduit pas aussi simplement qu’une voiture. Les filets d’eau qui s’écoulent autour des pales de l’hélice créent une force parasite latéralement, ce qui va faire pivoter votre bateau alors même que la barre reste parfaitement droite. C’est ce que l’on appelle le pas de l’hélice et ce dernier est spécifique à chaque bateau.

Il importe donc de connaître le pas de l’hélice de votre voilier avant de vous lancer dans vos manœuvres mais comment faire sans devoir sortir votre bateau de l’eau ?

Il suffit d’enclencher la manette des gaz en marche arrière par un « coup de fouet » (accélération rapide et forte du moteur permettant de faire pivoter le bateau sans prendre de vitesse), soit tout simplement lorsque vous êtes amarrés au port, soit après avoir arrêté le bateau face au vent ou au vent arrière.

Observez alors les remous latéraux créés par la rotation de l’hélice. Si ces derniers sont observables à tribord, l’arrière de votre voilier part vers bâbord, le pas est de votre hélice est un pas à droite et inversement.

Par convention, le sens du pas d’hélice se définit par rapport à la marche avant. Ainsi, pour un pas à droite :

pas droite marche avant pas droite marche arriere
En marche avant : l’arrière part vers la droite en marche arrière : l’arrière part vers la gauche

C’est bien évidemment l’inverse pour un pas d’hélice à gauche.

Utiliser le pas de l’hélice pour bien manœuvrer au moteur

Le pas de l’hélice est souvent très utile pour réussir une manœuvre de port, qu’il s’agisse de stopper votre voilier dans sa place sans vous mettre en crabe ou d’accoster le long d’un quai.

Ainsi, pour les voiliers mono-safran :

  • En marche avant, l’hélice propulse de l’eau sur le safran, ce qui permet de compenser l’effet latéral du pas de l’hélice et donc de rendre votre voilier manoeuvrant très rapidement.

  • En marche arrière, l’hélice propulse l’eau vers l’avant et n’envoie donc pas d’écoulements sur le safran. Votre voilier part de travers sous l’effet du pas de l’hélice, jusqu’à ce que sa vitesse soit suffisante pour que le safran accroche les filets d’eau et permette de redresser le bateau.

C’est donc en marche arrière que l’effet du pas d’hélice est le plus marqué et il vous faudra en tenir compte lors de vos manœuvres au moteur.

Si vous essayez de vous plaquer contre le quai en reculant, votre hélice avec le pas à droite va vous écarter du quai, à l’exact opposé de ce que vous chercher à faire. En vous présentant tout simplement dans l’autre sens, comme dans ce second cas, vous profiterez du pas de l’hélice pour réussir votre manœuvre.
Manoeuvre moteur quai pas à doite Manoeuvre moteur quai pas à droite 2

En conclusion : pour accoster un quai dans un espace exigu avec un pas à droite, mettre bâbord a quai. Avec un pas à gauche, mettre tribord à quai.

Par ailleurs, la plupart du temps, vous n’aurez pas assez de place dans le port pour effectuer un demi-tour en marche avant ou marche arrière seule et il vous faudra procéder par étape, selon l’espace disponible dont vous disposerez à l’avant et à l’arrière de votre voilier, en manoeuvrant par coup de fouet.

Vous pourrez ainsi effectuer un demi-tour sur place en positionnant votre safran du côté vers lequel vous désirez faire le demi-tour (en marche avant) et en alternant les coups de fouet avant et arrière avec une pause au point mort entre chaque.

En marche arrière, inutile d’essayer de vous aider de la barre car votre voilier n’aura pas assez de vitesse pour que le safran accroche les filets d’eau. Pensez par contre dans la mesure du possible à effectuer votre demi-tour dans le sens de votre pas d’hélice arrière pour vous aider.

Pour finir, gardez toujours en tête que la rotation d’un voilier s’effectue autour du centre de gravité qui se situe au niveau de la quille, soit au centre du bateau. C’est donc par rapport à ce point que vous pourrez prendre tous les repères utiles nécessaires à la réussite de votre manœuvre.


Le cas spécifique des voiliers bi-safran

  • En marche avant, l’effet « coup de fouet » n’est pas significatif, car le flux d’écoulement de l’eau généré par l’hélice passe entre les safrans. Il faut donc un minimum de vitesse pour que les safrans accrochent un flux d’eau et permettent à votre voilier de devenir manoeuvrant
  • En marche arrière, l’effet du pas de l’hélice est sensible comme sur un mono safran, il faut donc en tenir compte et manoeuvrer là encore avec un minimum de vitesse.

Dans tous les cas de figures, il apparaît relativement difficile de manoeuvrer sur place avec un voilier bi-safran. Il vaut donc mieux toujours prévoir un peu d’erre pour faire demi-tour et garder en tête les 3 facteurs de réussite de vos manœuvres au moteur : vitesse, anticipation et rapidité d’exécution.


Conserver une vitesse suffisante pour bien manoeuvrer au moteur

Au-delà du seul pas de l’hélice, n’oubliez pas que le secret d’une manœuvre réussie réside aussi dans le fait de rester manoeuvrant. En effet, à faible vitesse, vous serez plus sensible aux effets du vent et des courants, ce qui peut vite devenir compliqué à gérer dans un espace encombré voire étriqué comme un port où, parfois, faire simplement demi-tour relève du tour de force.

Le régime moteur que vous adopterez dépendra de la force et de la direction du vent et / ou du courant et lorsque l’un ou l’autre (ou la conjugaison des deux) sera plutôt traversier, cherchez toujours à remonter vers le vent en restant au plus près des éléments (bouées, poteaux d’amarrage, pontons) situés au vent ou au courant.

En cas de vent ou de courant fort, la force de ce dernier sur votre voilier sera prépondérante par rapport au pas de l’hélice et il vous faudra donc en tenir compte en priorité. Dans ce cas de figure, c’est la poussée de votre moteur qui vous permettra de contrer l’effet du vent ou du courant.

Apprenez donc à bien connaître la sensibilité à la manœuvre de votre voilier en vous entraînant dans un espace aéré comme l’avant-port ou directement en mer en prenant par exemple un fanion de pêcheur comme repère, et conservez toujours une vitesse suffisante vous permettant de rester pleinement manœuvrant.

Vous conserverez ainsi une marge de sécurité appréciable pour appréhender le plus sereinement possible votre manœuvre au moteur et vous laisser le temps de réagir au mieux en cas d’imprévu.

Préparer votre voilier avant de manoeuvrer au moteur

Entrer dans le port et rejoindre votre place tranquillement vous permet de disposer du temps nécessaire pour :

  • confier à votre équipage l’installation des pare-battages (avec de préférence un nœud de cabestan sécurisé par une demi-clé) réglés à la bonne hauteur et des amarres (tournées aux taquets, passées sous les filières ou balcons et lovées sur le pont), prêtes à être utilisées,
  • ranger votre pont et votre cockpit pour faciliter la circulation lors des manoeuvres
  • rappeler, si besoin, à tous les consignes pour stopper le voilier dans sa place et le rôle de chacun, en particulier pour les membres de votre équipage chargés des amarres au vent.
  • mettre tout le monde en confiance en rappelant qu’une manœuvre peut être ratée et qu’il convient alors tout simplement de recommencer, afin d’éviter les prises de risque inutiles et les comportements « à tout prix » !

Pour compléter cet article, nous vous proposerons prochainement de revenir également sur les principales règles d’accostage de votre voilier.

Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.

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