Cet article s’inscrit dans notre défi “25 savoirs- faire & astuces en 25 semaines”.
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La réglementation maritime relative aux embarcations de plaisance dont la longueur de coque est inférieure ou égale à 24 mètres a évolué depuis le 1er mai 2015 dans l’objectif de mieux sensibiliser les plaisanciers sur la possession et l’utilisation du matériel de sécurité à leur bord.
La Division 240, tel est le drôle de nom que porte cette réglementation qui nous concerne tous, fixe ainsi notamment la composition de la pharmacie de base obligatoire et précise le matériel d’armement et de sécurité à embarquer sur son voilier selon sa zone de navigation (basique, côtière, semi-hauturière ou hauturière), en indiquant au chef de bord comment l’utiliser correctement et sensibiliser son équipage.
En effet, tout départ en mer présente un risque car même si la préparation de votre croisière a été sérieuse et minutieuse, personne n’est à l’abri d’une avarie majeure, d’une collision pouvant entraîner une voie d’eau ou de conditions météo ardues.
Et en cas de gros problème sur votre voilier, vous contraignant à quitter son bord, il est indispensable de disposer de tout le nécessaire pour prévenir les secours, les aider à vous repérer, attendre leur arrivée et attester de votre identité tout autant que de pouvoir l’embarquer avec vous sur votre radeau de survie.
Il importe donc, avant tout départ en croisière, de préparer un contenant de survie (grab bag) et de le positionner à bord de façon très accessible, quelle que soit la position de votre bateau (à l’endroit ou retourné).
Ce grab bag peut prendre la forme d’un sac étanche, plus léger et plus maniable, ou d’un bidon, qui présente l’avantage d’être plus solide. Choisissez un volume suffisant qui vous permettra de ranger tout ce que vous déciderez d’emporter avec vous en cas d’abandon de votre voilier tout en conservant une grande quantité d’air à l’intérieur, ce qui facilitera son maintien à flot.
Il est conseillé d’équiper votre grab bag avec un bout flottant solide d’une longueur minimale de 5 mètres terminé par un mousqueton (ce qui vous permettra de amarrer en toute sécurité à votre radeau de survie), d’une bande réfléchissante et d’y inscrire visiblement :
- le nom de votre voilier
- son immatriculation
- le n° MMSI
- l’indicatif VHF
- ainsi que la mention « grab bag » et vos coordonnées pour aider et orienter les secours en cas de découverte de ce dernier.
Il est également absolument nécessaire de définir, avant de lever l’ancre, votre propre procédure d’urgence et de désigner qui sera chargé de quoi au moment où vous aurez pris la décision de quitter le bord et que vous en aurez donné l’ordre à votre équipage :
- qui distribue les vestes de quart et gilets de sauvetage à tous les membres de l’équipage,
- qui s’occupe de récupérer le / les grab bag
- qui s’occupe de remplir un sac de vivres supplémentaires, prêt à l’emploi dans la cambuse,
- qui s’occupe de récupérer, d’attacher et de mettre à l’eau les réserves d’eau,
- qui note les caractéristiques nautiques de la zone traversée, repère quelques waypoint importants et rassemble les équipements rangés au quotidien dans la table à cartes, sur la base d’une liste aide-mémoire pré-établie et affichée bien en vue,
- …
Chacun de vos équipiers doit ainsi avoir un poste et des responsabilités précises, clairement définies et systématiquement rappelées avant de partir en mer.
Reste maintenant à décider ce que vous allez mettre dans votre grab bag. Que vous soyez de nature minimaliste ou, à l’inverse, précautionneux, pensez a minima à y ranger des équipements relevant de l’ensemble des catégories suivantes, en faisant vos propres choix parmi les équipements suggérés ci-après, compilés suite à nos propres recherches / expériences sur ce sujet d’importance
Dans mon grab bag, il y a des EQUIPEMENTS DE COMMUNICATION
- La balise EPIRB Cospas-Sarsat 406 MHz constitue aujourd’hui l’élément clé de la survie et du sauvetage. Les modèles avec GPS intégré réduisent le temps de localisation de 2 heures à seulement 10 minutes en moyenne et offrent une précision à la centaine de mètres près. N’oubliez donc jamais d
’embarquer l’EPIRB de votre voilier après l’avoir activée si vous êtes contraints de quitter votre bord. Vous pouvez également vous équiper d’une balise personnelle PLB afin de compléter votre équipement de survie.
- Une VHF portable étanche est un équipement complémentaire bien utile pour entrer en contact verbal avec des secours en approche, préciser la situation et informer les secours sur les équipements à apporter (dégât matériel, hélitreuillage, dégât corporel…).
- Un téléphone Iridium peut aussi changer l’issue d’un naufrage en permettant de communiquer sa position, surtout si vous êtes par ailleurs également équipés d’un GPS portable.
- Les pavillons internationaux N et C qui, hissés l’un sur l’autre, indiquent un appel de détresse.
- Enfin, prévoyez toujours une batterie de secours chargée (vérification à faire avant tout départ en traversée!) pour vos divers équipements de communication, et/ou un jeu de piles de rechange, afin de ne pas vous retrouver en panne le jour où vous aurez un besoin vital de vous en servir.
Dans mon grab bag, il y a de l’EAU DOUCE et des VICTUAILLES
S’il est important de pouvoir se mettre quelques petites choses bien énergétiques sous la dent en attendant les secours, il est surtout fondamental de disposer d’une réserve d’eau suffisante pour tenir quelques jours. Il est donc intéressant de positionner à proximité immédiate de votre survie un (ou plusieurs!) jerrican(s) d’eau douce rempli(s) aux 3/4 seulement pour garantir une flottabilité suffisante.
En complément, il peut être intéressant de s’équiper d’un dessalinisateur manuel ou d’un distillateur solaire. Le débit des quelques rares modèles existants étant faible (1l /h au maximum), il convient de garder à l’esprit qu’il importe de « faire de l’eau » dès le début de l’embarquement dans un radeau de survie sans attendre que la pénurie ne s’installe.
Enfin, si vous devez rationner vos réserves, pensez à prendre avec vous un gobelet plastique gradué qui vous permettra de gérer précisément vos stocks tout en garantissant une parfaite équité envers les différents membres de votre équipage.
Pour pouvoir reprendre quelques forces une fois le choc de l’abandon de votre navire atténué, prévoyez des gâteaux et barres de céréales, des rations énergétiques pour sportifs, des fruits secs, des berlingots de lait concentré, du chocolat, …, qui se conservent longtemps. Ce stock de base pourra être complété au dernier moment par les vivres disponibles et accessibles rapidement au moment de l’évacuation de votre voilier. N’oubliez pas que les aliments sucrés sont à privilégier par rapport aux aliments salés ou protéinés, qui nécessitent une plus grande quantité d’eau pour être digérés.
Dans mon grab bag, il y a une PHARMACIE de base, de quoi RESTER AU CHAUD et me PROTEGER DU SOLEIL
Le stress, l’humidité et le soleil sont des ennemis contre lesquels il faut lutter en situation de survie.
Il faut ainsi garder à l’esprit que le risque d’hypothermie est supérieur à celui de déshydratation.
Pour limiter ce dernier, une écope et des éponges serviront à limiter au maximum la quantité d’eau présente dans le radeau, une serviette absorbante permettra d’assécher le fond du radeau, une couverture de survie et la panoplie bonnets / gants / écharpe / chaussettes, même mouillée, vous garderont au chaud.
Il convient également de prévoir une pharmacie d’urgence comprenant, notamment, un antiseptique cutané, quelques compresses et pansements, une paire de ciseaux à bouts ronds, du sérum physiologique, une crème apaisante pour la peau (irritation, brûlures légères, démangeaisons, …), un antalgique, du smecta, un anxiolytique, un antibiotique large spectre, traitement contre le mal de mer.
Enfin, pour limiter les désordres dus au soleil, prévoyez dans votre équipement de survie de la crème solaire, des lunettes de soleil et un couvre-chef (casquette, bob, tube).
Dans mon grab bag, il y a de quoi ME REPERER et ME FAIRE REPERER
En situation de survie, il est important de garder un moral d’acier et de rester acteur en attendant l’arrivée des secours.
Pour vous aider à vous auto-localiser et à mesurer votre éventuelle dérive due au vent et aux courants, une boussole et un GPS portable étanche vous permettront de suivre au jour le jour votre situation. En complément, une « boite de navigation » étanche peut vous permettre de disposer également de papier, d’un crayon, d’une gomme, d’un compas de relèvement, voire de la carte de la zone avec les vents et courants dominants (pilot charts) et d’une règle de navigation pour y tracer votre route.
Une paire de jumelles vous aidera également à rester vigilant et à repérer toute aide potentielle qui pourrait passer à proximité.
S’il tel était le cas, il, importe que vous puissiez disposer de divers moyens permettant de signaler votre présence :
- des moyens visuels : un miroir de signalisation (et son manuel d’utilisation), une lampe torche sans pile à led, des bâtons lumineux et des fusées de détresse, une lampe à éclats
- des moyens sonores : un sifflet, une corne de brume
- des moyens « électromagnétiques » : un réflecteur radar pliable en aluminium peut permettre aux radars des navires de commerce de vous repérer. Un cerf-volant de détresse, souvent insuffisant en soi pour vous signaler (superficie de 1 à 2 m²), peut être utile pour l’élever et fournir un écho radar suffisant.
Dans mon grab bag, il y a quelques AUTRES EQUIPEMENTS potentiellement bien utiles
Pour compléter votre paquetage, n’oubliez pas de glisser également dans votre grab bag les accessoires suivants :
- un kit de réparation pour pneumatique,
- un couteau multifonction style leatherman, des cuillères, un ouvre-boîtes, un entonnoir,
- une lampe frontale à LED afin de vous éclairer la nuit tout en vous permettant de garder les mains libres
- des allumettes tout temps ou un briquet tempête rechargé
- des mouchoirs en papier, du papier toilette, des petits sacs poubelles
- quelques torchons, dont l’usage peut être varié et donc précieux ( écharpe, chapeau, ménage, bandage…),
- d’un petit seau (qui peut servir de petit coin),
- une ancre flottante si le dispositif disponible dans votre radeau de survie ne semble pas suffisant
Dans mon grab bag, il y a mes PAPIERS OFFICIELS et un minimum d’ARGENT
En cas d’abandon de votre navire, il vous sera utile de pouvoir attester rapidement de votre identité et de vos assurances notamment.
Il est donc recommandé de glisser dans votre grab bag les originaux des papiers d’identité de l’équipage et l’acte de francisation de votre voilier, complétés de vos moyens de paiement, afin de les avoir immédiatement entre les mains en cas de besoin.
Prévoyez également une petite réserve d’argent liquide, au minimum 100 € en petites coupures, pour les premières urgences qui ne manqueront pas de survenir dès que vous aurez été récupérés par les services de secours.
Pour le reste, et afin de limiter le risque d’ennuis administratifs à l’étranger dans une langue potentiellement peu maîtrisée, n’hésitez pas à enregistrer avant de partir une copie de tous vos papiers officiels (carte d’identité, livret de famille, passeport, visa, permis de conduire, licence de navigation, cruising permit, carnet de vaccination, documents du bateau, certificats d’assurance, etc…) sur le « cloud » via des outils comme dropbox, googledrive ou via le cadre plus sécurisé d’un coffre-fort numérique. Il vous suffira de trouver un ordinateur, une connexion l’internet et une imprimante pour ressusciter les copies des documents originaux.
En complément de ces déjà bien nombreuses suggestions, et sans perdre de vue que la place reste limitée sur un radeau de survie, les équipements suivants pourront s’avérer également forts utiles :
- votre livre de bord
- votre smartphone
- vos éventuelles lunettes de vue
- des vêtements chauds et secs,à défaut une combinaison de plongée qui pourra vous aider à maintenir votre corps au chaud
- le coffret de fusées du bord
- quelques bouts/ garcettes / adhésif duct tape
- un appareil photo
- vos palmes / masque / tuba
- une petite ligne de pêche, tout en gardant à l’esprit que les hameçons restent un réel danger pour votre radeau de survie,
- votre annexe qui pourra vous offrir une surface flottante complémentaire.
Les 4 grab bag de SABA
Vous en conviendrez sans aucun doute, cette liste des équipements recommandés est longue et il peut sembler fastidieux, voir inapproprié, de préparer un tel stock avant de partir en mer, surtout si votre traversée s’annonce de faible durée.
Alors, pour vous aider à vous préparer au mieux en tenant compte des caractéristiques spécifiques de votre croisière, nous vous proposons de découvrir comment nous avons décidé de regrouper nos propres équipements en 4 grab bag différents :
GRAB BAG n°1 – fermé et accessible – Pour toute traversée de + de 24h
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GRAB BAG n°2 – fermé et accessible – Pour toute traversée de + de 72h
par équipier
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GRAB BAG n°3 – ouvert et accessible – Contient des équipements utilisables au cours de la croisière, systématiquement remis en place après usage
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GRAB BAG n°4 – préparé au dernier moment par 1 seul équipier qui en a la responsabilité – Contient les équipements utilisés au quotidien et indispensables à prendre avec soi dans la survie
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Enfin, pour finir, avant de partir en mer, affichez toujours le plus visiblement possible au niveau de la table à carte votre fiche récapitulative plastifiée regroupant notamment les informations essentielles suivantes :
- l’alphabet international
- les messages VHF d’urgence et d’alerte (en français et en anglais)
- le numéro du Centre de Consultation Médicale Maritime (CCMM)
- les numéros d’immatriculation et MMSI de votre voilier
- les numéros de téléphone de vos assurances bateau et santé ainsi que les numéros de contrats correspondants.
- votre procédure d’urgence personnelle établie avant le départ
- la liste de votre grab bag n°4, par ordre de priorité
Il est en effet vivement conseiller de rester le plus longtemps possible à son bord et de ne quitter ce dernier qu’en dernière extrémité. Tant que votre voilier flotte, ne le quittez pas. Il sera toujours plus facile de faire route vers un port avec un voilier, même en mauvais état, qu’avec un pneumatique ingouvernable, ballotté par les vagues.
Ces informations essentielles pourront déjà vous être d’une aide précieuse en cas d’urgence et elles suffiront, parfois, à vous sortir d’un mauvais pas.
Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.
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