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Que vous naviguiez depuis peu ou que vous fassiez partie des voileux de la première heure, cela ne vous aura pas échappé, sur nos côtes comme loin au large, les déchets sont partout.
Ces déchets proviennent pour 80 % des activités à terre (pneu de camion, tube cathodique de téléviseur, cintre en plastique, ballon de volley-ball, bouteille d’eau de javel …) et sont entraînés par le vent, la pluie, les cours d’eau ou la mer elle-même lors des épisodes de submersion marine. Le reste y a été volontairement directement jeté. En un siècle, 100 millions de tonnes de déchets ont ainsi été (re)jetées à la mer.
De taille et de nature diverses, la plupart des déchets marins présente un point commun : le PLASTIQUE, présent dans 75 % d’entre eux !
Le plastique, c’est pas fantastique !
Dans le monde, 10 tonnes de plastique sont produites chaque seconde. Pourquoi ? Tout simplement parce que le plastique, c’est increvable et que décennie après décennie, il a réussi à s’imposer dans notre quotidien et à devenir indispensable. Le plastique se positionne ainsi désormais sur la troisième marche du podium des matériaux les plus fabriqués par l’homme, derrière le ciment et l’acier.
Mais cette résistance remarquable du plastique, souvent mise en avant comme une qualité indéniable, est avant tout un redoutable fléau.
Il faut en effet retenir que toutes les 2 secondes, c’est une tonne de plastique qui finit dans les océans où, sous l’effet du rayonnement lumineux et des vagues, il finit par se fragmenter en petits morceaux et à se disperser à la surface des océans, ce qui ne fait que multiplier le problème car ces micros-déchets intégreront d’autant plus facilement la chaîne alimentaire, sans être plus digestes pour autant.
Par ailleurs, qui n’a jamais entendu parler du 7ème continent ? Les déchets rejetés en mer sont emportés par les courants et dérivent sur des centaines, parfois des milliers de kilomètres, avant d’être happés par les gyres océaniques, sorte de tourbillons permanents formés par les courants marins, où ils restent emprisonnés.
Au moins cinq plaques de déchets flottent ainsi sur le globe comme autant de monstres engendrés par l’activité de l’Homme, d’une superficie cumulée de 1,6 millions de km2 et sur une profondeur pouvant atteindre 100 mètres pour les plus petites particules (comme les « larmes de sirène”, ces minuscules billes à la base de toute l’industrie plastique qui échappent parfois à leur cycle de vie avant même d’être transformées).
C’est ainsi qu’aujourd’hui, pour un kilo de zooplancton, six kilos de plastique se décomposent au beau milieu de l’océan.
Ces déchets ont un fort impact sur la biodiversité marine, et la plupart des espèces sont aujourd’hui impactées. Chaque année, ce sont 1,5 millions d’animaux qui meurent d’indigestion après avoir confondu des déchets avec leur nourriture.
Les microplastiques constituent par ailleurs un support pour de nombreux pathogènes potentiels (virus, bactéries…) et facilitent ainsi leur propagation sur de longues distances. Ils concentrent également à leur surface un nombre important de polluants. Fréquemment ingérés par la faune marine, du zooplancton jusqu’aux baleines, ils contaminent donc toute la chaîne alimentaire et, par voie de conséquence, ils peuvent impacter notablement notre santé (perturbations endocriniennes, malformations, stérilité, allergies, cancers…).
La force insoupçonnée des lobbies des industriels du plastique
Les faits sont connus, tous comme les effets dramatiques de cette pollution massive de notre planète par le plastique sur les populations humaines et l’environnement. Alors, inévitablement, on peut s’interroger :
- comment expliquer que les pratiques ne changent pas ?
- Pourquoi des décisions ne sont-elles pas prises pour endiguer la problématique à la source, chez le producteur ?
- Pourquoi notre société reste-t-elle en total décalage avec la gravité et l’urgence de la situation ?
Tout simplement parce que la réduction de notre consommation d’objets en plastique ne fait pas bon ménage avec les intérêts économiques des producteurs de plastique. C’est ainsi qu’une efficace stratégie de culpabilisation s’est mise en place par certains industriels américains dès les années 1960, visant à déresponsabiliser le producteur de matières polluantes en culpabilisant le consommateur qui jette ses déchets dans la nature.
Un grand nombre de structures au nom fleurant bon l’environnement s’avèrent dans les faits être des associations créées de toutes pièces par les lobbies des boissons ou de l’emballage. Leur objectif ? Endoctriner le consommateur pour le convaincre qu’il a lui-même créer le problème, que les gens sont responsables de la pollution et que c’est donc à eux d’y mettre fin, avec, éventuellement, l’appui notamment financier des collectivités locales. En aucun cas, le rôle des industriels ne doit être mis en cause afin de préserver leurs pratiques et leurs modèles économiques ultra-productivistes et hautement lucratifs.
Cela peut paraître grossier mais ne vous méprenez pas, cette stratégie, aussi vieille que le plastique, est encore largement utilisée par les industriels aujourd’hui y compris en France. A titre d’exemple, sachez que l’association “Vacances Propres”, récemment rebaptisée “Gestes Propres” réalise des campagnes de sensibilisation et des actions médiatisées de ramassage des déchets abandonnés en ciblant sans ambiguité le « jeteur » et l’incivilité individuelle avec le financement des plus gros vendeurs de plastique en France : Danone, Cristalline, Nestlé, Haribo, ou encore Coca-Cola.
Certains gros producteurs de plastique vont encore plus loin, sans aucune vergogne, et se targuent d’être vertueux en présentant le recyclage comme la panacée alors que ce dernier n’est en réalité qu’une infime partie de la solution.
Ainsi, depuis que le plastique est devenu une préoccupation majeure qui attire l’attention de tous :
- des scientifiques, en raison de l’impact négatif de mieux en mieux connu des emballages alimentaires en plastique sur notre santé,
- des politiques qui engagent chaque année des sommes colossales d’argent public dans la collecte et les équipements de gestion de nos déchets (transfert, tri, recyclage et élimination des déchets dans des centres d’enfouissement ou des incinérateurs)
- mais également d’une part grandissante de la population, choquée de constater jour après jour la dégradation de son cadre de vie,
les industriels ne peuvent plus se montrer indifférents et multiplient donc les annonces afin d’affirmer leur volonté d’agir, le plus souvent en affichant des objectifs ambitieux en matière de recyclage. Or, au-delà de l’effet d’annonce, force est de constater que la plupart des objectifs exprimés ne sont pas atteints et que nous restons très loin du compte. Coca-Cola par exemple, qui produit tout de même 120 milliards de bouteilles en plastique par an, avait affiché en 2008 l’ambition que ses bouteilles contiennent en moyenne 25 % de plastique recyclé dès 2015. 10 ans plus tard, ce chiffre ne s’élève qu’à 7 %.
Plus grave, certaines multinationales vont même jusqu’à s’opposer à certaines mesures politiques prises au niveau européen ayant pour finalité d’augmenter les taux de collecte et de recyclage. La raison en est simple, le système de la consigne, par exemple, représenterait en effet un sur-coût pour elles en les contraignant de gérer directement leurs déchets alors qu’il est aujourd’hui bien plus confortable, d’un strict point de vue purement économique, d’en faire porter la charge à la société publique.
Réduire les déchets plastiques en mer, un pari impossible ?
Dans les années à venir, la production de plastique continuera à augmenter, en raison de la progression démographique mondiale et de l’amélioration du niveau de vie dans certains pays qui accroît, en réaction, le besoin de produits nécessitant des matières plastiques.
Il est donc illusoire, du moins pour le moment, d’imaginer pouvoir lutter contre ce déferlement de produits en plastique sur le marché. Mais si les tendances actuelles se poursuivent, 12 milliards de tonnes de déchets plastique seront accumulés sur la surface de la Terre en 2050.
Une nécessité s’impose donc, trouver d’autres solutions pour diminuer leur rejet.
Dans le cadre de la transition vers une économie plus circulaire, la Commission européenne a communiqué le 16 janvier 2018 sa stratégie pour protéger la planète, défendre les citoyens et soutenir les entreprises, qui prévoit notamment que :
- tous les emballages en plastique sur le marché de l’Union européenne seront recyclables d’ici 2030,
- la consommation de plastiques à usage unique sera réduite,
- l’utilisation de microplastiques dans les produits sera limitée.
Selon Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne, chargé du développement durable «Si nous ne changeons pas la manière dont nous produisons et utilisons le plastique, il y en aura davantage que de poissons dans l’océan d’ici 2050 […] la seule solution à long terme est de réduire les déchets plastique grâce au recyclage et à une réutilisation accrus. Il s’agit d’un défi que les citoyens, les entreprises et les gouvernements doivent relever ensemble».
Concernant cette question du recyclage, le plastique peut effectivement être considéré comme une matière qui peut être valorisée. Toutefois, s’il reste indispensable à court-terme et peut significativement augmenter à relativement court terme (en France, en 2018, moins de 10 % des plastiques sont recyclés), le recyclage ne peut pas être au centre d’un modèle équilibré, car le recyclage à l’infini peut être assimilé à de la poudre aux yeux, une fausse promesse, dans la mesure où une part significative du plastique terminera toujours sa route dans la nature.
La première urgence consiste donc avant tout à REDUIRE notre ADDICTION au plastique et donc contraindre, petit à petit et par effet de masse, les industriels à se passer de cette matière, d’autant plus qu’il existe d’ores et déjà de nombreuses solutions alternatives, dont certains plastiques entièrement compostables et biodégradables.
Relever le défi des déchets plastiques, tous ensemble !
Face à l’ampleur du désastre d’ores et déjà existant et aux moyens colossaux engagés par l’industrie du plastique pour défendre et pérenniser ses intérêts économiques, nous nous sentons souvent dans la peau de David contre Goliath.
Comment, à notre échelle et malgré toute notre bonne volonté, pouvons-nous lutter contre ces forces en présence qui nous dépassent et améliorer notre monde dès à présent ainsi que pour les générations à venir ?
Le combat semble inégal et perdu d’avance, ce qui conduit un certain nombre d’entre nous à baisser les bras sans résistance et à accepter la situation comme une fatalité inexorable.
Ce défi auquel nous sommes confrontés est effectivement un défi de taille car il ne passe ni plus ni moins que par le changement de nos mentalités !
Mais ce défi reste accessible car il est tout à fait possible éliminer facilement une grosse partie de nos déchets rien qu’en changeant nos petites habitudes et nos modes d’achats :
- Acheter moins : à chaque tentation, imposons-nous un temps de pause de quelques secondes et prenons le temps de répondre aux questions suivantes : ai-je réellement besoin de cet objet ? n’ai je pas déjà un équipement similaire que je pourrais adapter ou relooker ? Où a été produit cet objet ? Quel chemin a-t-il parcouru pour arriver jusqu’à moi ? Qu’a-t-il déjà généré comme pollution ? Cherchons à éliminer le superflu qui encombre bien souvent notre quotidien !
- Acheter mieux : pensons aux déchets futurs dès l’étape du choix d’achat, en privilégiant des produits les moins emballés, fabriqués avec de matériaux renouvelables, réparables, durables … et étudions également les possibilités d’acheter d’occasion, d’emprunter ou de louer avant toute décision.
- Utiliser mieux : respectons les conditions d’utilisation des produits que nous achetons afin d’en prolonger la durée de vie, n’utilisons que les doses nécessaires des produits d’entretien, gérons nos stocks de produits alimentaires pour limiter le gaspillage.
- Jeter moins : utilisons nos biens tant que nous pouvons nous en servir sans tomber dans la tentation d’acheter tel ou tel modèle dernier cri, donnons ou vendons ce dont nous ne nous servons plus, recyclons ce qui peut l’être en triant au maximum nos déchets résiduels.
Ce programme vous semble ambitieux voire inaccessible ? Vous pensez qu’il aura pour conséquence de réduire votre qualité de vie, que vous vivrez dans la privation et donc une frustration continuelle ?
C’est souvent le premier pas qui est le plus coûteux et une fois cette étape franchie, le rythme s’installe, le chemin s’adoucit, les pas s’enchaînent naturellement.
Alors, ne renoncez pas avant d’avoir essayé et faites-vous votre propre expérience.
Nous croyons en notre force collective et à la théorie de l’effet « papillon » selon laquelle la modification infime d’un paramètre d’un système peut conduire ce dernier à s’amplifier progressivement jusqu’à provoquer, à long terme, des changements colossaux.
Et nous autres voileux, qui nous targuons souvent de vivre en symbiose avec la nature, de savoir en apprécier la beauté et la respecter mieux que les autres, nous nous devons d’être exemplaires en la matière.
Imposons-nous ces efforts, montrons l’exemple, impulsons la dynamique, dans l’intérêt général mais également pour asseoir et pérenniser notre propre crédibilité.
Alors faisons fi de nos hésitations, tentons l’aventure ensemble et agissons chacun à notre niveau, même dérisoire, pour participer à la préservation de notre belle planète et changer son avenir.
Si vous ne savez pas par où commencer, n’hésitez pas à aller lire notre défi n°8 : 12 conseils pour vivre sans plastique à bord. Vous pouvez également télécharger sur votre smartphone l’application gratuite “90 jours“, votre assistant personnel de transition écolo qui vous aidera à changer concrètement votre quotidien à votre rythme
N’oubliez pas que consommer moins et mieux permet de se satisfaire d’une vie plus simple, plus saine et plus intense. Et croyez-nous, cette petite cerise sur le gâteau, vous ne pourrez bientôt plus vous passer !
Nous vous souhaitons bon vent et bonne mer.
Vous souhaitez réagir à cet article ? N’hésitez pas à nous donner votre avis sur cette problématique des déchets marins dans les commentaires ainsi qu’à partager votre expérience.
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